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Indépendance de l'Ecosse : 100 jours pour convaincre

A 100 jours du référendum d'autodétermination de l'Ecosse, indépendantistes et unionistes tentent le tout pour le tout afin de courtiser les indécis.
Article rédigé par Agathe Ranc
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Le drapeau écossais et l'Union Jack dans les rues d'Edimbourg © MAXPPP / Vincent Isore / IP3 Press)

Dans 100 jours, les Ecossais voteront pour choisir de rester dans le Royaume-Uni ou de devenir indépendants. L’horloge tourne et les sondages sont contre lui, mais Alex Salmond, premier ministre écossais et défenseur de l’indépendance, reste confiant. La courbe du "yes " s’est rapprochée de celle du "no " ces derniers mois, et les indécis peuvent encore créer la surprise.

Les indépendantistes sont pourtant toujours une dizaine de points derrière les partisans de l’union. Le Financial Times, qui a fait une synthèse de tous les derniers sondages, estime que 48% des 4 millions d’électeurs voteraient pour rester dans le Royaume-Uni, 35% pour l’Ecosse indépendante, et 16% ne savent pas. C’est ce qui apparaît sur ce graphique interactif mis au point par la BBC.

Mais, à 100 jours, aucun des deux camps ne considère que les jeux sont faits. L’espoir des indépendantistes repose notamment sur une étude commanditée par leurs soins, qui montre que sur 10 indécis à l’automne dernier, 7 auraient, depuis, basculé dans leur camp, contre 3 chez les unionistes.

Blair Jenkins, le directeur de campagne des indépendantistes de Yes Scotland, reconnaît qu’il reste "beaucoup d’électeurs à convaincre ", mais croit toujours que "c’est en se lançant dans des millions de discussions que nous allons les attirer vers le oui ". Alex Salmond aussi fait ses comptes. A la BBC Scotland, il explique : "Si vous faites une moyenne des sondages, je pense qu’il nous faudra un retournement d’opinions de 6%. Or, dans les mois qui ont précédé les dernières élections écossaises, on a vu des retournements d’opinion de 16% ".

Les femmes, les indécis et les électeurs fantômes courtisés

Pour faire la différence lors du scrutin, les responsables de campagne accordent une attention toute particulière à plusieurs catégories d’électeurs.

Parmi eux, les électrices. Les études ont en effet montré que les femmes étaient plus réticentes que les hommes à se prononcer en faveur de l’indépendance. En avril, un documentaire de la BBC Scotland montrait que si 48% des hommes indiquaient qu’ils comptaient voter pour l’indépendance, les femmes n’étaient que 37%. Elles sont également plus indécises. Pour les aider à se décider, le Scottish National Party met en avant des mesures comme la garde d’enfants gratuite, et a placé Nicola Sturgeon en tête de ligne de sa campagne.

Les travaillistes, aussi, sont des indécis. Un électeur écossais "Labour " sur trois ne sait pas en faveur de quoi se prononcer. Là encore le Scottish National Party tente le tout pour le tout pour se positionner bien à gauche avec des propositions comme la renationalisation du Royal Mail.

Une dernière catégorie pourrait faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Il s’agit des "lost voters ", ces électeurs perdus, qui n’ont jamais voté. En 2011, le taux de participation aux élections générales écossaises était de 50%. Il pourrait être de 80% pour le référendum. Les tacticiens pro-indépendance soutiennent que de nombreux Ecossais sont absents des sondages, et ils comptent sur eux pour changer la donne.

Pas d'inquiétude pour Doctor Who et la reine

Côté arguments, les anti-indépendance l'assurent : si l’Ecosse reste attachée au Royaume-Uni, cela ne veut pas dire que rien ne va changer. Alistair Darling, président de Better Together, les unionistes, considère que la promesse faite par les principaux partis de transférer de nouveaux pouvoirs depuis Londres vers l’Ecosse, qui a déjà gagné en autonomie depuis 1997, a coupé l’herbe sous le pied de ses rivaux. Sa ligne de défense : voter "non ", ce n'est pas voter pour le statu quo , mais c'est garantir à l’Ecosse plus de pouvoirs au sein du Royaume-Uni.

Les indépendantistes, eux, tentent de rassurer les frileux. Si l'Ecosse s'éloigne du Royaume-Uni, tout ne va pas changer pour autant. Elizabeth II sera toujours la reine pour les Ecossais, ils resteront dans l’Union européenne, conserveront leurs livres sterling, et surtout, grand sujet d’inquiétude durant la camapgne, il sera toujours possible de voir Doctor Who et EastEnders à la télévision, même si ce ne sera plus la BBC qui les diffusera.

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