Incertitudes et défiance bouchent encore l'horizon économique grec
Comme prévu, la journée a été mouvementée à la bourse d'Athènes. Réouverture ce lundi matin, après 5 semaines de fermeture totale. Evidemment, le climat n'est pas très serein et la place grecque a plongé de plus de 20% à la mi-journée, avant de remonter cet après-midi à -16%. Une réouverture qui a le mérite de tenter de normaliser la situation économique, explique Eric Dor, docteur en sciences économiques, directeur des études à l'IÉSEG School of Management : "Il fallait donner un signal que les choses sont en train de se normaliser. C'était tout l'enjeu des concessions énormes qu'a faites le gouvernement grec par rapport à son programme électoral, pour faire passer des réformes douloureuses et obtenir le droit de commencer des nouvelles négociations pour un 3e plan d'aide ."
De nombreux obstacles sur le chemin d'un troisième plan d'aide
Alors que l'accord avec les créanciers a été signé il y a déjà près d'un mois, comment expliquer cette incertitude manifeste ? Plusieurs raisons en sont à l'origine, d'après Eric Dor. "D'abord, il n'y a encore aucune certitude que les négociations pour un nouveau plan d'aide vont aboutir. D'une part, il y a de nouveaux blocages entre le gouvernement grec et les créanciers", souligne l'économiste. Parmi ces blocages, la cotisation de solidarité. Les créanciers exigent maintenant du gouvernement grec qu'il l'augmente moins que prévu "car cela encouragerait encore plus l'évasion fiscale ; mais le gouvernement de gauche répond qu'on ne peut pas lui reprocher d'appliquer son programme ."
Autre pierre d'achoppement dans ces négociations : le désaccord persistant entre l'Allemagne et le Fonds Monétaire International (FMI), ajoute Eric Dor : "Le FMI dit qu'aucun plan n'est crédible et refuse donc d'y participer aussi longtemps qu'une restructuration de la dette grecque n'aura pas été décidé, ce que l'Allemagne refuse. "
"Il faut écarter la perspective d'une sortie de la Grèce de la zone euro"
Dans ce contexte extrêmement tendu, comment rassurer les investisseurs, également inquiétés par le maintien des contrôles de capitaux ? "Il faut qu'un nouveau plan soit négocié pour écarter une fois pour toute la perspective d'une sortie de la Grèce de la zone euro ", explique Eric Dor. Et ce n'est pas gagné, d'après lui, puisque "le ministre des finances allemand lui-même continue à prétendre, même après la signature de l'accord, que pour lui cela restait la meilleure solution ."
Il faudra, d'autre part, que la Commission européenne tienne ses promesses pour injecter les financements d'investissements servant à "matérialier les investissements de croissance ", conlut Eric Dor.
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