Incertitude politique après la courte victoire de Berlusconi
Une chose est sûre : le bras de fer entre Silvio Berlusconi et son ex-allié Gianfranco Fini a tourné à l'avantage du Cavaliere. Alors que Fini comptait sur la motion de censure déposée par les centristes pour faire tomber le gouvernement Berlusconi, ce dernier a obtenu le soutien du Parlement. Mieux, c'est grâce au soutien de dernière minute de trois députés "finiens" que le Premier ministre a emporté une très courte majorité à la Chambre des députés.
Le gouvernement Berlusconi "va vivoter"
Silvio Berlusconi a donc maîtrisé son rival. Mais il n'en reste pas moins politiquement affaibli. Ses opposants l'accusent d'avoir acheté les voix qui lui manquaient, voire d'avoir fait pression sur certains députés. Avec un Parlement qui le soutient d'extrême justesse, le Premier ministre sauve son poste mais aura sans doute bien du mal à gouverner. Le gouvernement "va vivoter" estime le chef de file de l'opposition, Pier Luigi Bersani, mais ne prendra "aucune décision utile".
"Le Cavaliere a gagné, mais la partie ne fait que commencer" estime un commentateur politique de La Repubblica. "Sa majorité précaire dépend d'un millier de promesses impossibles" faites
aux députés qui l'appuient et "ne lui permettra pas d'adopter quoique ce soit". "Berlusconi, le poids de la victoire" titre un éditorialiste du Corriere della Sera, qui estime qu'il est temps pour le Premier ministre de renoncer "aux louanges personnelles et aux attaques contre la magistrature".
Démission annoncée d'une ministre
Le Premier ministre est par ailleurs contesté jusque dans son équipe. La ministre de l'Egalité des Chances, Mara Carfagna, a annoncé fin novembre son intention de démissionner au lendemain du vote au Parlement, c'est-à-dire aujourd'hui. Dans une interview au quotidien Il Mattino, elle reproche au président du Conseil de ne plus être maître de sa formation, désormais livrée, selon elle, aux rivalités claniques.
Contestation violente à Rome
Dans la rue aussi, Silvio Berlusconi est contesté de plus en plus violemment. Des dizaines de milliers de personnes s'étaient rassemblées hier matin pour demander aux parlementaires de déchoir le Premier ministre. Lorsque le résultat du vote a été connu, les manifestations ont dégénéré, surtout à Rome où les étudiants ont affronté les forces de l'ordre. Lancers de pavés, incendies de voitures, charges de la police, grenades lacrymogènes... Une centaine de personnes ont été blessées dans les deux camps et la police a procédé à 50 interpellations. Le centre historique de la capitale italienne n'avait pas connu pareille violence depuis des années.
"Un gouvernement sauvé grâce à trois voix, conquises pendant la nuit, a peu de raisons de se réjouir" conclut l'éditorialiste de La Stampa. "Sa seule préoccupation aujourd'hui devrait être d'apprendre à écouter le pays, et non pas chercher comment survivre un jour de plus".
Céline Asselot
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