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Il y a 30 ans le rapport Spinelli

Il est des dates anniversaires qui tombent mal. Le 14 février 1984 à Strasbourg, un Italien, Altiero Spinelli, voit son rapport adopté par 238 voix pour, 31 contre, 43 eurodéputés votant contre. Son projet, une Union européenne fédérale, avec au centre de cette construction le Parlement européen. 30 ans, plus tard les eurosceptiques ont le vent en poupe.
Article rédigé par Dominique Voegele
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
​L'enragé d'Europe
 (European Union 1984-EP)

Il y a trente ans, dans 100 jours. 14 février 1984, 17 février 2014. Un grand élan européen à l’époque, un sondage aux résultats ravageurs aujourd’hui…Un peu d’histoire d’abord avant d’examiner de plus près la dernière étude publiée par OpinionWay pour LCI et le Figaro.
 
Un crocodile très européen
 
Ce crocodile était et demeure encore un restaurant strasbourgeois très prisé des eurodéputés. Et en 1980, un de ces députés, ancien commissaire européen, l’italien Altioro Spinelli créait autour d’une table le « club du crocodile ». Sous cette bannière et cet animal empaillé se réuniront avant tout des eurodéputés à la fibre fédéraliste. Comme un renouveau du fédéralisme né au lendemain de la seconde guerre mondiale lors du Congrès de la Haye auquel participera d’ailleurs Altiero Spinelli. Un personnage cet homme, grand résistant co auteur durant la guerre dès juin 1941 d’ » Manifeste pour une Europe libre et unie ». Il siègera au Parlement européen comme apparenté communiste.
 
Le projet Spinelli
 
L’homme est donc à gauche et se passionne pour cette construction européenne. Il sera l’un des conseillers du négociateur italien lors du projet avorté de Communauté européenne de la Défense. Dans ce projet de texte, un article 38 qui prévoit que l’Assemblée parlementaire (pas encore élue au suffrage universel) fera une proposition politique. Cette proposition verra le jour en février 1984 avec l’adoption du plan Spinelli. L’idée de base, la création d’une assemblée Constituante pour que l’Europe se dote d’une vraie constitution. Le Parlement européen aurait joué un rôle majeur dans l’élaboration de ce texte avec c’est évident, la volonté de court-circuiter l’influence des Etats membres. Avec en bout de ligne un gouvernement supranational.

Malgré l’appui formel de François Mitterrand, et son adoption enthousiaste par le Parlement européen, le projet sera bloqué par les états. La Constitution européenne se transformera en traité de Maastricht, la construction européenne en marché unique.

 
Fin de partie
 
Marché unique et élargissement. Peut-être les clefs du désamour. Une Europe bien trop tournée vers l’économie, la finance et un élargissement mal préparé et mal négocié. Le rêve s’est évanoui. Et le tout récent sondage OpinionWay pour LCI et le Figaro est clair. L’euroscepticisme gagne de plus en plus de terrain et pas seulement d’ailleurs en France. Chez nous, ceux qui veulent conserver l’euro ne sont plus que 53%, ils étaient 62 % en 2012. Dans un autre sondage IFOP pour Atlantico (15 février) près de 6 français sur 10 souhaitent une restriction des conditions de circulation des personnes y compris des citoyens européens. Des prises de position politiques qui favorisent la progression du Front national. Mais comme nous l’écrivions, les eurosceptiques progressent un peu partout. On est bien loin des principes généreux (utopistes ?) qui habitaient les pères fondateurs…et Altiero Spinelli.
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