Hongrie : chez les Roms de Gyöngyöspata
C’est la fin du service, pour la dizaine de Roms qui déambulent, quelques outils à la main, dans les rues de Gyöngyöspata. Pendant huit heures, le groupe a débroussaillé un terrain. Dans cette commune, située à une heure de route de Budapest, le maire - élu d’extrême droite - a appliqué le travail obligatoire. Pour recevoir leurs allocations, les Roms doivent travailler 45 heures par mois au service de la ville.
C’est ainsi que Zoltan, 19 ans et père de deux enfants, peut recevoir ses 160 euros d’allocation mensuelle. "On a terminé pour aujourd’hui, on a ramassé l’herbe coupée avec les mains car nos outils sont tout abîmés. La mairie ne nous en donne pas et elle nous enlève notre argent si on travaille pas. Donc, je suis obligé de prendre ce travail pour donner à manger à mes deux enfants !"
Des caméras partout
Les caméras de vidéosurveillance filment en permanence les rues du village… et à Gyöngyöspata, la milice citoyenne mise en place par le Jobbik n’est jamais bien loin, en cas de problème. Dans le village, les Roms vivent dans un lotissement, un peu à l’écart. Et Janos Farkas, le représentant local de la communauté, se plaint d’être harcelé par le maire et la police. "Par exemple, quand on va ramasser des branches d'arbres dans la forêt pour se chauffer et qu'on se fait prendre, on a des amendes et on peut même être envoyé en prison. Leur principe, c'est que tous les Roms sont des criminels, que tous les tziganes sont mauvais. On reçoit des menaces. En 2012, on a mis le feu à ma maison. Notre seul tort, c'est d'être des Roms."
A Gyöngyöspata, il n’y a pas de probleme particulier de cohabitation entre les Roms et le reste de la population. Mais Borbala, élégante retraitée de 58 ans, se sent pourtant rassurée depuis l’arrivée du maire d’extrême-droite. "Nous sommes plus tranquilles car il y a plus de policiers donc je me sens plus sereine. En plus, il y a le travail d’intérêt général, ça les occupe et ça c’est bien car ça leur donne un but, ça les fatigue et comme ça nous sommes plus tranquilles" .
Le maire lui, n’a pas donné suite à nos demandes d’interview. "Il est en réunion" , nous répond la secrétaire de mairie. Dans les villes qu’il dirige, le Jobbik est fier de son succès. Mais ses méthodes sont jugées discriminatoires par les défenseurs des droits de l’Homme.
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