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En Pologne, une élection présidentielle à l’issue totalement incertaine

Les Polonais votent pour le premier tour de l'élection présidentielle dimanche. Le sortant Andrzej Duda n'a pas réussi à rassembler pendant la campagne, dans un contexte d'épidémie de coronavirus.

Article rédigé par Ludovic Piedtenu - Édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des partisans du candidat et maire de Varsovie Rafal Trzaskowski, dans la capitale polonaise, le 26 juin 2020. (JANEK SKARZYNSKI / AFP)

Un mois et demi plus tard que prévu initialement, le premier tour de l'élection présidentielle se tient dimanche 28 juin en Pologne. Comme en France pour les élections municipales, le scrutin avait été reporté en raison de l’épidémie de coronavirus. Parmi les 11 candidats en lice, deux font la course en tête : l’actuel président Andrzej Duda et dans l’opposition, le maire de Varsovie Rafał Trzaskowski.

Andrzej Duda a longtemps fait la course en tête. Avec 60% des intentions de vote au mois d’avril, il pouvait compter sur sa réélection dès le premier tour. Face à lui, une opposition divisée, aucun challenger de poids. Mais il a commis un faux pas : décider de maintenir le scrutin prévu le 10 mai, malgré l’épidémie de coronavirus. Son entêtement crée de l’incompréhension dans le pays, y compris au sein de sa majorité. S’il finit par changer d’avis et renvoyer l’élection, sa victoire devient tout à coup moins évidente.

Dernier meeting du candidat Rafał Trzaskowski à Varsovie, le 26 juin 2020. (LUDOVIC PIEDTENU / RADIO FRANCE)

Il retombe sous les 40% d’intentions de vote. Autrement dit, sa base électorale, explique le politologue Tomasz Płudowski : "C’est plus ou moins le soutien habituel pour le PiS, le parti Droit et Justice : entre 30 et 40%. Ce sont les électeurs sur lesquels Duda peut compter de façon certaine. Mais là, il a besoin de 50% pour gagner et l’autre moitié des électeurs polonais, en gros, sont contre ce gouvernement."

Le maire de Varsovie a réussi à rassembler l'opposition

Sauf qu’au moment de l’annonce du report du scrutin, il n’y a toujours personne pour rassembler tous ces "anti". Le 15 mai, les choses changent : contre toute attente, le charismatique maire de Varsovie Rafał Trzaskowski annonce sa candidature. C’était il y a seulement six semaines, rappelle le politologue et depuis, la dynamique est clairement de son côté : "Ce candidat est neuf, il est jeune, c’est quelqu’un de plutôt séduisant. Il dispose d’une aura et il y a eu autour de lui un vent d’optimisme et d’espoir. Il est une sorte de… enfin ce sont ses soutiens qui le disent, une sorte de Kennedy, ou Obama, ou Macron. Quelqu’un comme ça. Cette image lui donne déjà quelques points précieux. Bien sûr, la route est encore longue."

C’est comme s’il y avait une sorte de mouvement social derrière Rafał Trzaskowski, c’est peut-être un peu exagéré, mais il se passe quelque chose.

Tomasz Płudowski, politologue

à franceinfo

Le politologue Tomasz Płudowski rappelle que dans cette dernière ligne droite, Duda, le président sortant nationaliste-conservateur et son parti le PiS, avec l’église catholique en renfort, a radicalisé sa campagne, en attaquant notamment les personnes LGBT. "Les gays ne sont pas des personnes, a-t-il notamment déclaré, mais une idéologie."

Duda a aussi nommé un nouveau directeur à la tête de la télévision publique, qui ne cesse de faire la publicité du candidat. Cela ne change rien dans les sondages, Duda est stable autour de 39% et il n’a pas d’alliés pour le second tour. C’est tout l’inverse pour Trzaskowski, ce nouveau candidat, qui fédère un peu plus chaque jour l’opposition libérale et pro-européenne, il est autour de 28%. Avec des reports de voix suffisants sur le papier pour rendre l’issue de cette élection totalement incertaine.

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