Élections en Allemagne : l'entrée de l'AfD au Bundestag "rappelle les pires heures de l'entre-deux-guerres"
Pour Guillaume Klossa, fondateur du groupe de réflexion EuropaNova, l'entrée de l'AfD au Parlement allemand rappelle la montée du nazisme avant la la Seconde Guerre mondiale et démontre que les partis d'extrêmes droites "se normalisent" en Europe.
Les législatives allemandes ont été marquées dimanche 24 septembre par l'entrée de l'extrême droite au Bundestag, l'AfD (Alternative für Deutschland) ayant obtenu le score de 12,6 %. "Psychologiquement", ce résultat "rappelle les pires heures allemandes de l'entre-deux-guerres", a réagi lundi 25 octobre Guillaume Klossa, fondateur du groupe de réflexion EuropaNova sur franceinfo. "Les extrêmes droites il y en a partout en Europe. En quelque sorte, l'Allemagne se normalise", a-t-il ajouté.
franceinfo : l'extrême droite allemande accède au Parlement, est-ce un tournant historique ?
Guillaume Klossa : La République fédérale allemande s'est construite après-guerre sur la lutte contre les discriminations, le nazisme. Psychologiquement, cela rappelle les pires heures allemandes de l'entre-deux-guerres. C'est ce que représente ce parti aujourd'hui. Les extrêmes droites, il y en a partout en Europe. En quelque sorte, l'Allemagne se normalise. On voit qu'il y a un parti centriste qui a entre 30 et 40 % des voix, une gauche socialiste qui perd en ampleur et l'émergence de populistes ou de gens d'extrême droite. Vous le voyez en France, en Italie, en Allemagne et, dans une moindre mesure, en Espagne. C'est la norme du moment. En même temps, quatre cinquième de la population est très attachée aux systèmes de valeurs de l'après-guerre. L'Allemagne a été au cœur du nazisme. C'est un traumatisme moral pour la population.
Quels sont les projets qui pourraient être ralentis au niveau européen ?
Le FDP [parti libéral démocrate], qui était un parti traditionnellement européen, est plutôt eurosceptique aujourd'hui. Le sujet, c'est de voir comment ce parti peut reprendre une ligne européenne. Et là, il y a un travail du chef de l'État français car ce parti est, aujourd'hui, très libéral et opposé à tout ce qui renforce la zone euro. Il est opposé à un budget de la zone euro, à un ministre de l'Économie et des Finances de la zone euro, à une fédéralisation de la zone euro.
Dans le couple franco-allemand, la France peut-elle avoir une position de force ?
Oui, mais l'intérêt commun est que la dynamique soit sur ces deux jambes. L'expérience montre que s'il y en a un qui est déséquilibré, il y a en a un en position de force et cela n'avance pas. Ces dix dernières années, les positions allemandes n'ont pas triomphé alors que l'Allemagne est en position de force. L'intérêt de tous, c'est un couple franco-allemand équilibré qui veut aller dans le même sens, qui sache inclure les autres pays européens dans la dynamique et puis une société civile qui pousse. Il faut que l'opinion soit favorable. Il y a différents ingrédients à prendre en compte.
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