Allemagne : triomphe électoral pour Merkel, proche de la majorité absolue
Si elle ne l'obtient pas, la chancelière pourrait former une coalition avec les sociaux-démocrates, pour son troisième mandat.
C'est la première grande dirigeante européenne à survivre à la crise. La chancelière Angela Merkel remporte dimanche 22 septembre une large victoire lors des législatives. Francetv info fait le point sur les principaux enseignements du scrutin allemand.
Merkel signe un succès personnel
Avec 41,5% des voix (la quasi-intégralité des bulletins ont été dépouillés lundi matin), il s'agit d'une victoire personnelle pour Angela Merkel. Aucun de ses homologues, en Espagne, en France, en Italie, ou au Royaume-Uni, ne s'est fait réélire depuis le début de la crise financière. Et, dans l'Allemagne d'après-guerre, seuls Konrad Adenauer et le chancelier de la réunification, Helmut Kohl, ont réussi à remporter trois mandats de chancelier.
Très aimée des Allemands, cette conservatrice de 59 ans venue de l'ex-RDA remporte un triomphe personnel puisque, avec une campagne entièrement axée sur sa personne, son parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU, parti conservateur), devrait obtenir son meilleur score depuis la réunification, en 1990. Peu après l'annonce des résultats, elle a qualifié de "super résultat" le score des conservateurs et remercié les électeurs pour leur "confiance exceptionnelle".
Coalition ou majorité absolue ?
L'ampleur de la victoire de la chancelière a failli lui permettre d'obtenir la majorité absolue au Bundestag, l'assemblée parlementaire. Mais les dernières projections, notamment du quotidien de référence Die Welt, indiquent que la chancelière devrait être contrainte, pour quelques sièges manquants, de former une coalition. La CDU obtiendrait 311 sièges, tout près des 316 nécessaires pour gouverner seule. Cependant les résultats ne sont pas définitifs, surtout qu'avec le mode de scrutin allemand, le nombre de sièges au Bundestag n'est pas fixe.
Si Angela Merkel se retrouve contrainte de former une coalition, elle pourrait être dans l'incapacité de reconduire la coalition sortante avec le Parti libéral (FDP). Son allié libéral n'aurait pas réussi à atteindre les 5% nécessaires pour avoir des députés au Bundestag. Elle devrait donc probablement gouverner avec l'opposition sociale-démocrate. Toutefois, Angela Merkel a prévenu dimanche soir qu'elle voulait "attendre le résultat définitif" avant d'envisager une éventuelle alliance.
La chancelière a déjà été contrainte de se tourner vers le SPD, avec lequel elle a cohabité lors de son premier mandat, de 2005 à 2009. Mais l'expérience s'est soldée par un net recul électoral de la formation de centre gauche. Certains membres sont désormais très hostiles à une nouvelle coalition. Le président du SPD, Sigmar Gabriel, a d'ailleurs prévenu : "Nous n'allons pas automatiquement entrer dans une grande coalition".
La gauche encore en recul
Les sociaux-démocrates du SPD sont certes en progrès avec 26%, mais sont proches de leur plus bas historique, atteint en 2009 (23,5%). "Nous n'avons pas obtenu le résultat que nous voulions", a concédé le responsable du SPD. Le total des scores de gauche, à 43%, est plus faible que lors des législatives de 2009 (45,6).
Les Verts allemands feraient un score très loin de leurs attentes, à 8%, en net recul par rapport à leur record des législatives 2009 (10,7%). La gauche radicale Die Linke, tout en devenant la troisième force politique allemande, baisse également et passerait à 8% alors qu'elle avait totalisé 11,9% des voix en 2009.
Le parti anti-euro proche du Parlement
C'est l'un des surprises du scrutin : le parti anti-euro Alternative pour l'Allemagne (AFD), avec 4,5 à 4,9% des voix, manquerait de très peu son entrée au Bundestag. Ce nouveau mouvement né de l'hostilité aux plans de sauvetage des pays les plus endettés de la zone euro a attiré de nombreux électeurs et pourrait freiner les ambitions européennes de la chancelière. "Si l'AFD entre au Parlement, le débat sur l'euro sera bouleversé en Allemagne", confie un proche d'Angela Merkel.
Réactions en Europe
Plusieurs dirigeants européens ont félicité la chancelière allemande. Dans un communiqué, François Hollande a exprimé sa "volonté de continuer à travailler inlassablement au rapprochement de la France et de l’Allemagne et de poursuivre leur coopération étroite pour relever les nouveaux défis de la construction européenne". Le britannique David Cameron a utilisé son compte Twitter pour adresser "toutes ses félicitations" à Angela Merkel. "Je suis impatient de continuer de travailler au plus près avec elle".
L'ensemble de la presse européenne salue le triomphe d'Angela Merkel, mais s'interroge néanmoins sur la couleur de la future coalition. En France, Le Figaro salue "le triomphe de Merkel", alors que pour "L'Humanité", l'Allemagne rempile pour "4 ans de casse" avec "une pragmatique prête à tout pour garder le pouvoir". "Merkel frôle la majorité absolue", titre le quotidien espagnol de centre gauche El Pais (lien en espagnol), qui parle d'un "résultat sans précédent". En Italie, La Stampa affirme que l'Allemagne a "couronné Angela Merkel". Au Royaume-Uni, le quotidien conservateur Daily Mail juge qu'Angela Merkel "est devenue la Thatcher d'Allemagne".
Lundi matin, l'euro montait très légèrement face au dollar lundi en Asie après la victoire d'Angela Merkel.
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