Les discussions ont commencéil y a plusieurs mois en secret et ont été dévoilées mercredi suite à desfuites dans la presse. Le groupe franco-allemand EADS, maison mère d'Airbus, etle britannique BAE Systems veulent fusionner et créer un nouveau géant européende l'aéronautique et de la défense, capable de concurrencer l'Américain Boeing.Ce projet a été motivé par la baisse des dépenses de défense en Europe et aux Etats-Unis."Un grand rêve des industriels du secteur"(Loïc La Spière du CEPS)Pour Loïc Tribot La Spière,délégué général du Centre d'Etudes et de Prospectives Stratégiques, l'idée deregrouper les moyens civils et militaires dans l'aéronautique de l'ensembledes firmes européennes est "un grand rêve des industriels du secteur" qui "serait incontestablement un succès" . Pour lui, l'équation est idéale :le nouveau groupe bénéficiera des revenus récurrents de la défense, complétéspar les cycles variables de l'aéronautique civile.Dans un communiqué, BEASystems a précisé que "ce rapprochement éventuel serait mis en œuvre parla création d'une nouvelle structure juridique à double cotation au sein de laquelleles deux entreprises fonctionneraient comme un seul groupe" . Les actionnaires d'EADSdétiendraient 60% du capital du nouvel ensemble et ceux de BEA les 40%restants.Jeudi matin, les Bourses n'ont pas vraiment bien accueilli la nouvelle, l'action d'EADS plongeait de près de 8%. Le titre de BAE Systems perdait lui 4,32%.Concurrencer les Américains deBoeingCette fusion, si elle seréalise, afficherait plus de 72 milliard d'euros de chiffre d'affaires,dépassant l'américain Boeing. Pour Elie Cohen, directeur de recherche au CNRS,le nouveau groupe pourrait concurrencer les Etats-Unis puisqu'il y aurait "unetrès grande compétence en matière de construction aéronautique civile etmilitaire" et cela permettrait "de muscler l'Europe de la défense quibat de l'aile" .Aux USA, le directeur général de Boeing, Jim McNerney, assure que songroupe ne se sent pas menacé et que cette potentielle fusion était "letémoin d'une consolidation mondiale qui s'amorce" .Lagardère et le gouvernement français attendentParmi les actionnaires d'EADS, le groupe Lagardère. Il possède 7,5% du capital et il a déjà déclaré vouloir se désengager. Jeudi matin, il a annoncé qu'il ne donnerait son accord à la fusion qu'après avoir examiné "toutes les conditions" , précisant que "ce projet n'a pas encore été soumis à l'approbation" des conseils d'administrations.L'Etat français fait également parti du capital d'EADS à hauteur de 15% par l'intermédiaire de la holding Sogeade. Pierre Moscovici, le ministre de l'Economie, veut prendre son temps, "l'Etat se prononcera le moment venu en vertu des conventions en vigueur régissant la gouvernance d'EADS", a-t-il déclaré mercredi.De son côté, le gouvernement allemand n'a pas encore donné son aval à la fusion. Mais selon l'agence de presse allemande DPA, citant des sources proches du gouvernement, Berlin a de fortes réserves au sujet de la fusion. "Il est douteux que le projet puisse susciter un accord", a déclaré une de ces sources à DPA. Toutefois le gouvernement allemand va étudier l'opportunité d'un tel projet, sans préjugé sur les conclusions, a ajouté l'agence allemande.