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Duel télévisé Merkel-Steinmeier

La chancelière CDU et son ministre SPD des Affaires étrangères se sont affrontés à deux semaines des élections
Article rédigé par France2.fr
France Télévisions
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Angela Merkel et Frank-Walter Steinmeier avant le débat télévisé: quelques divergences et beaucoup de convergences... (© AFP photo pool / HERBY SACHS for Das Erste, ZDF, RTL und SAT.1 / WDR-Pressestelle/Fotoredaktion)

La chancelière CDU et son ministre SPD des Affaires étrangères se sont affrontés à deux semaines des électionsLa chancelière CDU et son ministre SPD des Affaires étrangères se sont affrontés à deux semaines des élections

Les deux figures du parti conservateur et du SPD, qui gouvernent ensemble l'Allemagne depuis 4 ans, ont peiné à faire entendre leurs différences en direct pendant 90 minutes devant 20 millions de téléspectateurs.

Un débat qualifié par des journalistes de "duo" à fleuret moucheté entre deux membres d'"un vieux couple harmonieux"...

"Oui, on peut bailler. C'était plus un duel douillet qu'un combat électoral", affirmait en une lundi le quotidien populaire Bild, plus important tirage du pays. "Des caresses plutôt que des disputes", commentait pour sa part le quotidien Frankfurter Rundschau (centre). Pour le quotidien de centre-gauche Süddeutsche Zeitung, le débat ressemblait plus à "une sorte d'émission publicitaire pour la 'grande coalition'".

Les sondages d'après émission sont contradictoires et donnent des résultats divergents. Selon une enquête de la chaîne ZDF, 31 % des personnes interrogées estiment que le candidat SPD l'a emporté, contre 28 % qui jugent que la chancelière a été plus convaincante. Mais selon un sondage Forsa, 37 % pensent que qu'Angela Merkel avait été été meilleure que Frank-Walter Steinmeier, 35 % donnant l'avantage au social-démocrate.

Quant aux observateurs, nombre d'entre eux estiment que ce dernier a été meilleur. "Il a mieux ciblé ses attaques. Reste à savoir si cela mobilisera les électeurs", juge un professeur de sciences politiques à l'université de Dresde, Hans Vorländer.

Pour autant, l'impact de ce débat, le seul d'une campagne atone, devrait être limité: seuls 14% des téléspectateurs interrogés à la fin de l'émission estimaient que celle-ci pourrait avoir une influence sur leur vote le 27 septembre.

Quelques oppositions


L'opposition des deux candidats s'est manifestée par des tentatives d'effrayer l'électeur par les alliances que le SPD pourrait passer avec Die Linke (La Gauche), parti "à gauche de la gauche", ou la CDU avec les libéraux du FDP, parti charnière qui, dans le passé, a souvent gouverné avec l'un des deux grands partis. Pour la chancelière, le SPD s'alliera en cas de victoire avec Die Linke, qui regroupe notamment des communistes de l'ex-RDA. Une hypothèse écartée par son adversaire. "Nous n'avons aucune garantie que cela n'arrivera pas", a insisté Angela Merkel.

Deux autres thèmes ont séparé les deux candidats: le salaire minimum (souhaité par le SPD alors que la CDU défend les actuelles négociations salariales de branche), le plafonnement des salaires des chefs d'entreprise et le nucléaire (le SPD s'en tenant à la fermeture programmée des centrales pour 2020, les conservateurs voulant un allongement de leur durée de vie).

Un consensus presque parfait

Mais pour le reste, les sujets abordés lors du débat se sont conclus sous le signe du consensus, tel la nécessité du très impopulaire engagement de la Bundeswehr en Afghanistan.

Chacun d'entre eux s'est, par exemple, dit habité par la volonté de moraliser et de régulariser plus fortement le monde de la finance lors du sommet du G20 de Pittsburg le 24 septembre.

Comme de bons élèves, habitués a récolter les honneurs ensemble, chacun y est allé de sa petite phrase, sans pique, et d'un unanimisme voyant. "Nous en avons beaucoup accompli ensemble", a dit M. Steinmeier, 53 ans, ministre des Affaires étrangères et dont le parti se traîne à une quinzaine de points derrière le camp conservateur de Mme Merkel dans les intentions de vote.

"De fait, cette grande coalition a bien travaillé", a jugé Mme Merkel, 55 ans, qui dirige depuis quatre ans un gouvernement alliant conservateurs (CDU/CSU) et sociaux-démocrates (SPD) et à qui tous les sondages prédisent une reconduction à la chancellerie après le scrutin.

Un brin fanfarons, tous deux ont tenté de s'attribuer le mérite du sauvetage du constructeur automobile Opel et la baisse du chômage au cours des quatre dernières années.

Quant à la baisse du chômage, elle s'est déroulée "sous ma direction", a affirmé la chancelière.

Frank-Walter Steinmeier a parfois tenté d'adopter un ton parfois offensif: "Il y a un autre choix, meilleur, pour la chancellerie: moi", a-t-il lancé, Mme Merkel se gardant de répliquer, fidèle à l'attitude souveraine qu'elle a adoptée durant toute la campagne électorale.

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