Du pape à DiCaprio, au sommet de Davos, on parle de tout, même d'économie
Le thème officiel de ce remue-méninges mondial est la quatrième révolution industrielle qui pourrait transformer l'économie mondiale. Mais, comme souvent à Davos, le sujet se fait pirater par les évènements mondiaux.
Quatrième révolution industrielle
C’est le thème central choisi par les organisateurs du «world economic forum» connu sous le nom de sommet de Davos. L’idée: un tsunami technologique est en train de transformer l’économie mondiale. «Tout est remis en question: les patrons de Schneider Electric (Jean-Pascal Tricoire), de HP (Meg Whitman) ou d'Alcoa (Klaus Kleinfeld) réunis pour un débat sur la transformation digitale de l'industrie l'ont volontiers reconnu», analyse La Tribune. Mais pourquoi «quatrième»?... Sans doute parce que le terme de «troisième» avait déjà été pris par Jeremy Rifkin.
Finance
Une illustration de cette révolution? «Le cash, je pense, n'existera probablement plus dans 10 ans. Ce n'est pas quelque chose qui est nécessaire, c'est terriblement inefficace et cher», a prédit John Cryan, le patron de Deutsche Bank, lors d'une table-ronde au Forum mondial de Davos lors d'une discussion sur les «fintechs», les hautes technologies appliquées à la finance.
Emploi
Les conséquences de cette révolution promettent d'être lourdes, estime le WEF. «La technologie devrait tuer 5 millions d’emplois d’ici 2020», estiment les auteurs d'une étude pour le Forum économique mondial (WEF). «L'intelligence artificielle, la robotique et la biotechnologie, perturberaient le monde des affaires d'une manière similaire à révolutions industrielles précédentes», ajoute le WEF. «7,1 millions d'emplois dans les pays les plus riches de la planète pourraient être perdus grâce à la redondance et l'automatisation. Ces pertes seraient partiellement compensées par la création de 2,1 millions de nouvelles opportunités dans des secteurs tels que la technologie, les services professionnels et les médias.»
Contre choc pétrolier
Mais même à Davos, l'actualité vient déranger les grandes réflexions sur l'avenir. Ainsi, cette année, la chute des prix du pétrole pèse sur l’ambiance : «les prix (des matières premières) sont détruits», affirme un grand patron ayant requis l'anonymat. Les nouveaux investissements pétroliers font face à «la baisse la plus forte de l'histoire» des prix de l'or noir, affirme de son côté Fatih Birol, patron de l'Agence Internationale de l'Energie. «Nous sommes dans un monde où nous ne sommes pas sûrs de la vraie valeur d'un actif», ajoute Raghuram Rajan, gouverneur de la banque centrale indienne. Bref, la vieille économie semble encore peser lourd, au point de déjouer les futures révolutions industrielles..
Highlights from our session on the future of finance, with @gilliantett @lagarde https://t.co/T8MoZSVxpu #wef pic.twitter.com/r7ha9rvsu4
— World Economic Forum (@wef) January 20, 2016
Inquiétudes sur la croissance
Entre la chute des investissements liés au pétrole et les incertitudes de la croissance chinoise, le FMI en est à réviser à la baisse ses chiffres de croissance de l’économie mondiale. «Ce qui m'inquiète le plus, c'est que les investissements dans de nouveaux projets pétroliers ont été réduits de 20% l'an dernier par rapport à 2014. C'est la baisse la plus forte dans l'histoire du pétrole», a indiqué l'Agence internationale de l'Energie. «En outre, nous anticipons cette année, dans un environnement à 30 dollars (le baril), une baisse supplémentaire de 16% des investissements dans les projets pétroliers», a-t-il ajouté. Concrètement, 68 grands projets pétroliers et gaziers représentant un investissement total de 380 milliards de dollars ont été différés.
De toute façon, pour le patron du géant publicitaire WPP, Martin Sorrell, «la nouvelle normalité est un monde à faible croissance».
The map that will change how you see the world https://t.co/KsZEQH7UGU pic.twitter.com/lZ6QY69QAC
— World Economic Forum (@wef) January 20, 2016
Géopolitique
Autre sujet d'actualité qui s'est invité à Davos: la tension entre l'Ukraine et la Russie. «Nous refusons de perdre la Crimée. Cette année, nous allons vraiment commencer à faire pression pour la récupérer», a déclaré Natalia Iaresko, la ministre des Finances ukrainiennes. L'optimisme de la ministre aurait sans doute été douchée si elle avait vu la carte diffusée par le WEF. Elle fait figurer désormais la Crimée dans la Russie… Mais au niveau géopolitique, les invités de Davos ne peuvent éviter le thème du djihadisme, des attentats, du terrorisme et de Daech. Tout d'abord parceque la sécurité est omniprésente dans la station suisse et puis parceque tous les invités politiques l'évoquent, notamment à travers la crise des migrants qui pèse sur l'Europe.
Environnement
«Nous ne pouvons tout simplement pas permettre que la cupidité des entreprises du charbon et des industries pétrolière et gazière déterminent l'avenir de l'humanité.» Cette phrase a été prononcé par l’acteur américain Léonardo DiCaprio devant le forum de Davos qui l’a applaudi… timidement, selon les témoins.
3 charts that explain global #inequality https://t.co/z9sNA5DoRr @oxfamgb #wef pic.twitter.com/C3Ix7yZnD3
— World Economic Forum (@wef) January 20, 2016
Inégalités
Les questions sociales font rarement l'objet de débats à Davos. C'était sans compter sur l'ONG Oxfam qui, deux jours avant la réunion du club chic de Davos, a jeté un froid en affirmant que «62 personnes possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale», alors que «ce chiffre était de 388 il y a cinq ans».
Selon l’ONG, les 1% les plus riches détiennent désormais davantage que les 99% autres. Cet accroissement des inégalités s'est accéléré puisque ce chiffre a été atteint avec un an d'avance sur les prévisions de l'organisation de lutte contre la pauvreté. «Au lieu d'être réinjectés dans l'économie, le revenu et la richesse sont aspirés par le haut à un rythme alarmant», juge Oxfam dans son rapport.
«N'oubliez pas les pauvres!», a d’ailleurs lancé le pape à l’ouverture du sommet.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.