Cet article date de plus de dix ans.

Du pain sur la planche pour le Parlement

Laissons les eurodéputés prendre leur nouveaux quartiers, choisir pour certains leur groupe politique. Donnons leur ce mois de juin pour déterminer les commissions techniques dans lesquelles ils siégeront, le rôle qu’ils pourront y jouer. Et penchons nous sur les dossiers qui les attendent…
Article rédigé par Dominique Voegele
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min

Après la soirée électorale... (European Union 2014-EP)

Car du boulot, il va y en avoir pour les 5 ans à venir. Cinq années qui correspondent à la durée de la mandature, mais pas à la durée des engagements financiers dégagés eux pour une période de 7 ans, 2014/2020. En rappelant également l’une des faiblesses de ce Parlement européen ; il ne possède pas de pouvoir d’initiative, c’est la Commission européenne qui possède ce droit.
 
L’urgence politique
 
Premier dossier à régler et il va se profiler très rapidement, l’affirmation par ce Parlement européen de son poids politique. Le Traité de Lisbonne lui a conféré de nouveaux pouvoirs, à lui de se battre pour les conforter. Et cela dès le mois de juillet ou au plus tard à l’automne.
Il s’agit bien entendu que l’inflexion donnée par le Traité et lors de la récente campagne électorale du 25 mai se traduise dans les faits lors de l’élection du futur président de la Commission européenne. On verra rapidement si son poids politique sera suffisant face aux éventuelles entourloupes des Etats membres qui continuent de préférer pouvoir choisir leur candidat sans tenir trop compte du résultat des urnes. Même si pour le moment Angela Merkel semble vouloir jouer le jeu. On verra également lors des auditions des futurs commissaires et lors de leur nomination si le Parlement saura se montrer ferme. En fait la mandature qui vient sera celle de l’affirmation ou non du Parlement européen et donc d’un véritable contrôle citoyen de cette Union que beaucoup trouve bien peu transparente et démocratique. L’enjeu est de taille.
 
 Préparer l’avenir
 
Le temps ne doit plus être aux normes, aux contrôles, mais à de véritables visions politiques. Finies, il faut l’espérer, les discussions autour de la taille des cages pour poulets,
le Parlement européen se verra sans doute confronté à de très gros chantiers. Ils s’articulent autour d’un thème principal. Celui de la construction d’une Union européenne forte, puissante compétitive et donc…indépendante. Et cela passe très clairement par un renforcement des moyens européens de sortie de crise. Par encore plus de solidarité entre les états et plus de régulation du système bancaire. Encore plus, serions nous tentés de dire. Cela passe aussi par la création d’une véritable politique énergétique européenne. Autre politique européenne commune nécessaire, une politique d’immigration. Il n’existe toujours pas de visa européen
Et cette situation permet toutes les hypothèses, tous les discours plus ou moins informés ou sincères sur Schengen et l’Union. Enfin, vis-à-vis de nos voisins et du monde, l’Europe se doit de se doter d’une véritable politique extérieure. On a encore vu avec le cas de l’Ukraine que nous manquons cruellement d’un véritable regard stratégique sur la Russie.

 Voilà qui ne sera pas suffisant
 
 Une fois ces quelques principes forts peu révolutionnaires posés, demeurent bien des interrogations. Oui, il faut muscler l’Union européenne, oui, il faut encourager les entreprises, oui, il faut encore améliorer les conditions du fonctionnement du marché Unique. Oui, le chantier fiscal, compliqué, doit être ouvert. Et l’humain là-dedans ? L’une des grandes missions du ce Parlement européen devrait être de créer les conditions d’une Europe sociale. Inexistante pour le moment. Ce langage, ils sont nombreux à le tenir et pas seulement dans les rangs de la gauche. Mais entre les discours et les faits, il y a une marge, celle de la volonté politique. Ce sont donc ces valeurs qui sont en principe partie intégrante de cette économie sociale de marché que défend l’Europe, qui ne doivent pas être laissées au bord du chemin.  C’est sans doute la condition sine qua non pour que la tendance soit inversée, que la plus value européenne soit à nouveau reconnue et…efficace.
 
En septembre 2012, un petit rapport signé par une grosse dizaine de ministres des affaires étrangères de l’Union soulignait qu’il fallait engager les citoyens, et recréer un débat politique. Le Parlement européen doit devenir cette aula où ce débat doit se développer à nouveau. Mais pour cela, il devra d’abord montrer sa valeur, sa détermination. En effet, les Etats mais aussi une partie de l’administration européenne ne sont sans doute pas vraiment disposés à cette évolution.
 
Ce Parlement européen issu des urnes en mai dernier, même peuplé par 140 eurosceptiques ou europhobes, ne peut pas décevoir. C’est peut-être l’une des dernières chances de l’Union. Mais il va devoir batailler ferme…
 
 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.