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Demain, serons-nous tous chasseurs de météorites ?

De nombreux témoins ont observé une boule de feu dans le ciel de l'est de la France. Mais pour l'instant, il est quasiment impossible de savoir où l'objet céleste est tombé. 

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Capture d'écran de la météorite filmée par un amateur, dimanche 15 mars 2015. (YOUTUBE / FRANCE 3 ALSACE )

Lumineux, verdâtre pour certains, rouge orangé pour d'autres, il a brusquement traversé le ciel. En Alsace, en Lorraine, ainsi qu'en Suisse et dans une large moitié sud de l'Allemagne, des centaines de témoins ont admiré le spectacle d'un météoroïde, entré dans l'atmosphère dimanche 15 mars, en début de soirée. Etoile filante, météore ou bolide (en fonction de sa taille), un corps céleste n'est qualifié de météorite qu'une fois qu'il a touché le sol.

Or, si les témoignages se multiplient, personne ne peut assurer que ce dernier soit bien tombé sur notre Terre. La faute à des observations trop imprécises. Mais cela pourrait changer. A cette occasion, francetv info revient sur les défis de la chasse au objets tombés du ciel. 

Pour l'instant, c'est comme "chercher une aiguille dans une botte de foin"

"Au 19e siècle, 45 météorites ont été observées et étudiées, contre 9 au 20e siècle", raconte Sylvain Bouley, chercheur au laboratoire des géosciences IDES contacté par francetv info. Si le nombre d'objets venus de l'espace est resté constant, "les gens observent moins le ciel aujourd'hui qu'avant. Or, chercher une météorite, c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin." "Dans l'Antarctique, ou dans un désert de sable, les recherches sont plus simples", explique Sébastien Derrière, astronome adjoint à l'observatoire de Strasbourg. "Si vous trouvez un caillou à la surface de la glace, c'est qu'il est tombé du ciel. Mais dans une zone comme celle-ci, il est très peu probable que l'on retrouve cet objet, qui ne doit pas excéder quelques centimètres", poursuit-il.

En effet, une carte réalisée par l'American Meteor Society (AMS) répertoriant les témoins prouve qu'ils sont répartis sur une zone de plusieurs centaines de kilomètres, des environs d'Epernay (Marne) à Leipzig (Allemagne). "Et tous ont l'impression que l'objet est tombé à quelques kilomètres d'eux", poursuit Sylvain Bouley. 

Capture d'écran d'une page du site de l'American Meteor Society répertoriant les témoignages concernant l'observation d'un objet tombé du ciel dans la soirée du dimanche 15 mars 2015.  (AMERICAN METEOR SOCIETY)

"Nous l'avons également vue depuis Sapois [Vosges] du nord vers le sud", assure un commentateur du site Ciel des hommes. "Idem ici à Epinal, sur la route de Gérardmer, Tranchée de Docelles", répond un autre. "Bonsoir, vu également depuis Gavisse (Moselle). Impressionnant par la taille de l'objet. Rien de comparable aux étoiles filantes 'habituelles'", se réjouit un troisième.

"D'ailleurs, rien ne permet d'affirmer avec certitude que l'objet est bien tombé sur la Terre, poursuit Sébastien Derrière. Il a pu brûler complètement, ou rentrer dans l'atmosphère et en ressortir." 

Bientôt, il suffira de "former des astronomes amateurs"

Puisque les témoignages enthousiastes abondent pour décrire le phénomène, ne pourrait-on pas profiter de cet engouement pour traquer plus efficacement les météorites sur le sol terrien ? C'est justement l'objectif du réseau Fripon (pour Fireball Recovery and InterPlanetary Observation Network), explique Sylvain Bouley, par ailleurs l'un des responsables du projet.

Des caméras ont été installées dans 105 stations réparties dans l'Hexagone. "Il y en a une tous les 50 à 100 km", explique Sylvain Bouley. Ainsi, "nous avons développé un réseau de scientifiques, mais aussi, nous avons l'intention de former un maximum d'astronomes amateurs, via la plateforme VigiCiel." Selon le scientifique, le réseau, qui devrait être opérationnel au mois de juin, devrait permettre à des passionnés du ciel de s'équiper d'une caméra homologuée afin de permettre une meilleure étude de l'objet. Et surtout, de calculer plus précisément son point d'impact. 

"Grâce à la multiplication des angles et des prises de vue, nous pourrons déterminer plus précisément l'endroit où il est tombé", confirme Sylvain Bouley. "Mais aussi, nous serons en mesure de calculer son orbite lorsqu'il est tombé dans l'atmosphère. En comparant cette donnée avec les objets observés autour de la Terre, nous pourrons donc savoir duquel il s'agit et donc son origine." Des informations qui pourraient nous en apprendre beaucoup sur notre univers : "Ce sont des objets qui datent du début du système solaire, explique Sébastien Derrière. Etudier leurs compositions nous renseigne sur les briques qui le composent." Quand il ne s'agit pas simplement de fragments venus de Mars. Enfin, les curieux pourront se prendre pour Curiosity. 

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