Concombres contaminés : un vent de panique sur l'Europe
"Un problème avec des concombres espagnols et c'est l'Europe qui tremble" . La phrase de la ministre belge de l’Agriculture Sabine Laruelle résume assez bien le vent de panique qui traverse une partie du continent.
_ Alors que la bactérie E. coli entérohémorragique (Eceh) a fait 14 victimes en Allemagne, sans compter 467 malades et les dizaines d'autres cas à travers l'Europe du nord, plusieurs pays ont décidé de prendre des mesures contre la circulation des concombres espagnols et allemands, malgré la protestation de Madrid.
Moscou et Bruxelles, la ligne dure
Face à l’épidémie, c’est de Russie qu’est venue la riposte la plus draconienne : interdiction d’importer des légumes allemands et espagnols. Et Moscou annonce vouloir étendre cette mesure à toute l'UE si la contamination prend de l’ampleur.
_ Interdiction d’importations également en Belgique, mais cela concerne uniquement les deux distributeurs espagnols de concombres suspectés d’être à l’origine de cette contamination.
Renforcement des contrôles
Sans parler d’interdictions, d’autres pays ont renforcé les contrôles. En Autriche, des inspecteurs ont été envoyés dans une trentaine de supermarchés. En République tchèque, des analyses étaient en cours sur 120 concombres espagnols. Enfin, les autorités italiennes contrôlent à la frontière les importations de concombres en provenance d'Espagne, des Pays-Bas et d'autres pays européens.
Et en France ?
Pas d’interdiction ni de contrôles aux frontières pour le moment en France. Selon le ministère de la Santé, un lot de concombres considéré comme suspect "a été livré sur le territoire français" mais le "retrait du marché a été immédiatement demandé".
_ Le ministre Xavier Bertrand recommande par ailleurs aux personnes ayant récemment voyagé en Allemagne d'être attentives aux symptômes de la maladie : des diarrhées et du sang dans les selles, des maux de tête et de vives douleurs au ventre.
Par ailleurs, trois cas suspects d'intoxication alimentaire sont toujours sous surveillance en Bretagne même si les patients sont hors de danger.
Des "dommages irréparables" en Espagne, inquiétudes aux Pays-Bas
Ce sont les conséquences économiques directes du principe de précaution. Face à la méfiance généralisée sur ses concombres, Madrid craint des "dommages irréparables". "On est en train de nuire à l'image de l'Espagne, on est en train de nuire au secteur producteur espagnol", explique la ministre espagnole de l’Agriculture qui compte réclamer de l’aide à l’Organisation mondiale du commerce. Selon la baromètre Eurostat, l’Espagne est le premier producteur européen de concombres en Europe devant les Pays-Bas.
_ Autre conséquence de cette épidémie : la consommation allemande de légumes est en chute libre (-90% selon les vendeurs allemands). Les exportations néerlandaises ont "quasiment cessé depuis dimanche soir", selon le gouvernement hollandais. C’est un manque à gagner de 10 millions d’euros par semaine pour les entreprises du secteur.
Antoine Krempf, avec agences
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