Chypre : un accord trouvé in extremis
Il ne restait plus que
quelques heures à Chypre et à la troïka (Commission européenne, BCE, FMI) pour
s'entendre sur un plan, avant que la Banque centrale européenne ne cesse d'alimenter
en liquidités les banques chypriotes. Un accord a finalement été obtenu dans la
nuit de lundi à mardi. Les banques continueront donc d'être alimentées par la BCE, et la troïka versera une aide de 10 milliards d'euros, dont la première tranche est attendue début mai. En échange, l'accord prévoit notamment la mise en faillite de la deuxième
banque du pays.
Cette banque, la Laïki
Bank, sera donc liquidée et scindée en deux : d'une part, une "good
bank" rassemblant les dépôts inférieurs à 100.000 euros, qui sont garantis
en Union européenne, et d'autre part, une "bad bank" qui hébergera
les autres dépôts, amenée à disparaître progressivement. Les dépôts garantis
seront, à terme, transférés à la Bank of Cyprus, première banque du pays.
Les dépôts de plus de
100.000 euros gelés
Conséquences : des
suppressions d'emplois parmi les employés de Laïki, mais également des pertes
importantes pour les actionnaires et les détenteurs de dépôts supérieurs à
100.000 euros. Ces dépôts-là ne sont pas garantis, ils seront donc gelés, et
serviront à régler les dettes de Laïki, et à recapitaliser la Bank of Cyprus.
Au total, ils devraient permettre de lever les 4,2 milliards d'euros
nécessaires pour compléter le plan de sauvetage.
Le porte-parole du gouvernement chypriote précise lundi matin que la décote pour les dépôts de plus de 100.000 euros sera de 30%.
En outre, les autorités
chypriotes ont mis en place une mesure de restriction des mouvements de
capitaux. Objectif : éviter que les épargnants étrangers, notamment russes et
britanniques, ne retirent tous leurs capitaux déposés à Chypre dès la
réouverture des banques. Une réouverture dont la date n'a pas encore été fixée.
Des négociations
tendues
Ces négociations de dernière
minute faisaient suite au rejet, la semaine dernière, d'un plan qui prévoyait
une taxation des dépôts bancaires. Une mesure qui devait dans un premier temps
s'appliquer à tous les dépôts, puis qui a été restreinte à ceux de plus de
100.000 euros. Même dans cette version "allégée", le plan a été
rejeté à l'unanimité par le Parlement chypriote.
Les discussions de la nuit
de dimanche à lundi se sont avérées tendues : selon des sources proches des
négociations, le président chypriote Nicos Anastasiades, élu il y a un peu plus
d'un mois, a menacé de démissionner. En fin de compte, il s'est dit satisfait
de l'issue des discussions, selon un tweet de la présidence :
Κορυφώνονται οι προσπάθειες, σε 15 λεπτά ξεκινά το #Eurogroup #Cyprus
— Nicos Anastasiades (@AnastasiadesCY) March 24, 2013
La présidente du FMI Christine Lagarde a elle aussi réagi avec satisfaction à cet accord : il s'agit d'un "plan complet et crédible ", a-t-elle déclaré. Le ministre français de l'Economie Pierre Moscovici a quant à lui affirmé que "c'était la seule façon d'assurer la restauration de l'économie chypriote " :
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