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Centrafrique : Bangui attaquée, avant le vote à l'ONU

Dès l'aube, des tirs à l'arme lourde ont retenti dans la capitale. Des journalistes ont décompté plus de 80 corps dans les rues et un mosquée. Les observateurs sur place estiment que les antibalakas, hostiles au régime, tentent de prendre l'avantage, quelques heures avant que le Conseil de sécurité des Nations unies ne vote une résolution pour rétablir la sécurité dans le pays. Celle-ci devrait donner un mandat de 12 mois, révisable à six mois, aux troupes françaises et à celles de la Mission internationale de soutien en Centrafrique (Misca).
Article rédigé par Guillaume Gaven
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Emmanuel Braun Reuters)

Des tirs nourris, à l'arme lourde. Malgré le couvre-feu. La capitale de la Centrafrique, Bangui, s'est réveillée en panique. Selon un officier de la Mission internationale de soutien en Centrafrique (Misca), les tirs ont commencé après que des ex-rebelles Séléka, qui font désormais partie des forces de sécurité, ont détecté la présence de milices d'autodéfense "antibalaka" (anti-machettes), hostiles au régime, partisans du président déchu François Bozizé, dans le quartier de l'aéroport.

Tentative de coup d'Etat ? Il semble que ces opposants au régime tentent en tout cas de prendre l'avantage, à quelques heures du vote de la résolution à l'ONU. Les témoins sur place, comme l'envoyée spéciale de France Info, Mathilde Lemaire, font état de nombreuses victimes.

Les exactions ont fait, selon un décompte effectué par des journalistes de l'AFP, plus de 80 morts dans une mosquée du quartier PK5, et dans les rues alentour. Des corps portant des marques de blessures à l'arme blanche ou par balles.

Médecins sans Frontières, qui a dépêché une équipe à l'hôpital communautaire, parle pour ce seul lieu de huits morts et de 65 blessés.

Quelque 250 militaires se sont déployés dans plusieurs quartiers, pour "sécuriser nos ressortissants et des points sensibles  et de regroupement" , selon l'état-major - il y a 1.250 Français en Centrafrique. Mais le Quai d'Orsay précise ne pas avoir donné d'ordre d'évacuation.

Dans l'immédiat, le président de transition, Michel Djotodia, a annoncé l'extension immédiate du couvre-feu, désormais imposé de 18h à 6h - contre 22h auparavant. Et a appelé la population à garder son calme.

Recours à la force

C'est dans ce contexte que le conseil de sécurité de l'ONU doit adopter, ce jeudi, un projet de résolution déposé par la France, l'ancienne puissance coloniale, qui autoriserait le recours à la force.

Après le paragraphe de rigueur qui réclame "l'application rapide des accords de transition ", celui qui exprime "sa profonde inquiétude devant la multiplication des violences inter-religieuses et inter-ethniques"  et qui demande "*une commission d'enquête internationale "  * pour un an, la résolution en vient au plus concret.

1.200 militaires français

Le texte "autorise le déploiement " de la force africaine présente sur place, la Misca, "pour une période de 12 mois" , avec une clause de révision à six mois, pour "protéger les civils et rétablir l'ordre et la sécurité, stabiliser le pays et créer les conditions propices à la fourniture d'aide humanitaire" .
Il autorise également les forces françaises "à prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la Misca dans l'accomplissement de son mandat" .

Combien seront-ils, les Français ? "Autour de 1.200" , a répondu ce matin Laurent Fabius. Quand ? "Dans les jours qui viennent" , a précisé le ministre des Affaires étrangères. "Dès que le président de la République aura donné le top, les choses vont aller très vite. Ca tombe bien, puisque nous avons, entre aujourd'hui et samedi à Paris, à la fois tous les Etats africains, plus le secrétaire général des Nations unies, plus le président de l'Union européenne" .

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