C'est le 9 mai 1950 que Robert Schuman proposa la création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier
Dans son discours prononcé au Quai d'Orsay, l'ancien ministre des Affaires étrangères tendait ainsi la main de la réconciliation à l'Allemagne.
60 ans plus tard, l'UE se retrouve malmenée par la crise grecque au point que l'un de ses projets phares, l'euro, vacille. Un anniversaire au goût amer sur fond de montée de l'euroscepticisme.
"La crédibilité de l'Union européenne est en chute libre tant auprès des citoyens que partout dans le monde", résume le président du Parti socialiste européen Nyrup Rasmussen. "La gestion calamiteuse de la crise grecque est un manquement grave. L'Europe doit se ressaisir si elle ne veut pas sortir des radars de l'histoire", prévient-il dans une tribune publiée vendredi dans Libération conjointement avec la secrétaire nationale du PS français Martine Aubry.
L'opinion exprimée le même jour lors d'un colloque par le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes Pierre Lellouche n'est pas plus optimiste. Selon lui la "majorité relative des opinions publiques" est à reconquérir" dans l'Europe des 27, qui court aussi le risque, sur la scène internationale, d'être cantonnée à un rôle "à la périphérie".
Il a dénoncé en particulier le risque "des forts partis d'extrême droite, ouvertement xénophobes, anti-immigrés, anti-roms, antisémites, anti-européens", auxquels s'ajoute "la tentation de la renationalisation des politiques publiques nées de la crise" économique et financière.
La tentation du repli vers les Etats nations
Pour remédier à la crise actuelle, les fédéralistes ne voient de salut que dans une plus grande intégration politique du continent, permettant à l'Europe de parler et d'agir d'une seule voix.
Mais l'euroscepticisme grandit depuis des années et avec lui les rangs des partisans du retour aux Etats Nations. Ils prônent le chemin inverse et la tendance risque de s'accentuer avec le retour au pouvoir des conservateurs britanniques.
"Ce qui manque aujourd'hui c'est la volonté politique et l'esprit de coopération", a critiqué cette semaine l'ancien président de la Commission européenne, Jacques Delors.
Même en Allemagne, jadis élève européen modèle, les intérêts nationaux passent désormais sans complexe au premier rang. Sa Cour constitutionnelle a fixé l'an dernier de strictes limites à toute avancée supplémentaire dans les transferts de souveraineté vers Bruxelles.
Pour le European Policy Center, un centre de réflexion sur les questions européennes, le mal est profond. L'UE a été un grand succès jusqu'ici avec la consolidation de la paix entre ennemis d'autrefois, la disparition des barrières douanières, l'euro -malgré tout- et l'unification du continent.
"Mais aujourd'hui elle souffre d'un manque d'orientation stratégique" et "sans changement le Vieux continent est condamné à la marginalisation progressive", avertit-il.
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