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"C'est la bestialité de la société, cette attitude est promue par le gouvernement" : en Pologne, Gdansk pleure son maire

L'élu a été tué dimanche par un criminel. Nombreux sont les habitants qui pleurent un homme courageux et ouvert.

Article rédigé par Ludovic Piedtenu
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des centaines de personnes se sont rassemblées à Varsovie lundi 14 janvier sous le slogan "Stop à la haine", après la mort de Pawel Adamowicz. (JANEK SKARZYNSKI / AFP)

En Pologne, la grande ville portuaire de Gdansk continue de pleurer son maire, assassiné dimanche 13 janvier à coup de couteaux par un habitant de la ville. C'est un homme de 27 ans qui venait de sortir de prison, condamné pour différents braquages. Les obsèques de Pawel Adamowicz pourraient se tenir samedi, jour qui sera proclamé journée de deuil national. D'ici là, un nouveau rassemblement est prévu mercredi 16 janvier sur la place Solidarnosc, à Gdansk. Un cœur sera matérialisé avec des bougies.

Dans la ville, toutes les décorations de Noël ont déjà été retirées ou sont éteintes. Seules brillent ces centaines de bougies enfermées dans des lanternes qui ornent habituellement les tombes des cimetières. Les habitants les déposent, comme ici devant la mairie, où Piotr a travaillé aux côtés de Pawel Adamowicz : "Pour moi, c'est un cauchemar, j'aimerais bien que l'on se réveille tous."

La "bestialité de la société" pointée du doigt

L'élu est mort devant les caméras et sous les yeux des habitants, réunis dans un parc pour un évènement caritatif, l’un des plus populaires du pays, provoquant une onde de choc dans tout le pays. Il s’agit du premier assassinat d’un homme politique depuis la fin du communisme. Pawel Adamowicz venait d’être réélu pour un sixième mandat consécutif, il dirigeait la ville depuis plus de 20 ans.

Certains habitants sont hagards, que va faire cette jeune femme, qui a choisi de vivre à Gdansk parce qu'Adamowicz en était le maire ? Quant à cet homme, dévasté, il l'appréciait tellement qu'il ne veut pas se confier, de peur de pleurer. Comme lui, Theresa l'admirait : "Il était très souriant, très ouvert, il a fait vraiment beaucoup pour la ville."

Au premier étage de la mairie, il faut patienter une heure pour laisser une trace dans le registre de condoléances. Jacek se souvient d'un maire sage, raisonnable et courageux et voit une explication à cet assassinat : "C'est la bestialité de la société. Cette attitude est promue par le gouvernement actuel." Le parti au pouvoir, ultra-conservateur, battu dans cette ville frondeuse au mois de novembre dernier, a décidé de faire profil bas et de ne présenter aucun candidat aux prochaines élections consécutives à cet assassinat.

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