Budget européen : les enjeux d'un sommet difficile
Le sommet sur le budget
de l'Union européenne 2014-2020 se déroule à partir de ce jeudi à Bruxelles. Il s'annonce
difficile. La zone euro a encore échoué à débloquer une nouvelle tranche d'aide
à la Grèce et chaque pays continue de privilégier ses intérêts nationaux. Tour
d'horizon des enjeux.
Les aides agricoles, au
centre des discussions
Les aides agricoles
constituent la principale pomme de discorde. Elles pèsent 290
milliards d'euros dans la ligne de crédit de 1.047 milliards d'euros demandée
par la Commission européenne, soit près de 29%.
Pour la France, la Politique
agricole commune, c'est la ligne rouge à ne pas franchir. Avec plus de sept
milliard d'euros perçus chaque année, elle en est le premier pays bénéficiaire.
Près de 73% des agriculteurs français touchent des aides européennes.
Mais la PAC, c'est aussi
l'un des principaux postes de dépenses de l'UE. Et elle sera automatiquement
réduite.
Dans le nouveau budget
présenté par Herman Van Rompuy, la Politique agricole commune perdrait 25,5
milliards, dont 22 milliards sur les aides aux agriculteurs. Les exploitants français
perdraient 7% de leurs subventions. Inacceptable pour Paris. L'Elysée est en
réalité prêt à des compromis pour parvenir à un accord mais ne laissera rien
passer sur la PAC.
Le problème des contributions nationales
Les gouvernements
exigent des coupes dans les dépenses du budget européen, qui est financé par
les contributions nationales, dans le cadre de leurs propres efforts
d'économies budgétaires.
Ils ont rejeté la
proposition de la Commission d'un budget de 1.047 milliards d'euros pour la
période 2014-2020. Le président du conseil européen, Herman Van Rompuy, a
proposé 75 milliards de coupes réparties sur tous les postes de dépenses.
Le président de l'UE
soumettra une nouvelle proposition jeudi avant l'ouverture du sommet, après des
entretiens bilatéraux avec chacun des dirigeants. Pour espérer trouver un
accord, les coupes devront être de l'ordre de 100 milliards d'euros par rapport
aux demandes de la Commission.
Chèque et rabais britannique
En politique européenne,
les mots sont lourds de sens. A la veille de la réunion des chefs d'Etat et de
gouvernement, les menaces de veto se multiplient.
L'Italie et le Portugal
ont menacé mercredi de "bloquer " un accord jugé défavorable. Chef de
file des "durs", le Premier ministre britannique David Cameron a confirmé
sa volonté de "contenir " les dépenses européennes et de défendre le rabais
sur la contribution du Royaume-Uni, obtenu en 1984 par Margaret Thatcher. Le
rabais britannique est un chèque annuel de 3,6 milliards d'euros que la France
et l'Italie, ses deux principaux financiers, veulent arrêter de payer.
L'Allemagne ne se veut
pas très optimiste. La chancelière Angela Merkel a évoqué mercredi la
possibilité d'un nouveau sommet début 2013 pour trouver un accord sur le budget
européen pour la période 2014-2020, en cas d'échec cette semaine.
L'Europe en panne de
volonté politique ?
Pour la Commission
européenne, l'Europe est en panne de volonté politique. Elle n'est pas parvenue
dans la nuit de mardi à mercredi à s'entendre, notamment avec le FMI, pour
aider la Grèce menacée de faillite.
Elle n'avait déjà pas réussi
une semaine plus tôt à trouver un accord pour continuer à financer les bourses
étudiantes Erasmus, à court d'argent.
"On apportera assez
de chemises ", plaisante l'entourage de François Hollande, au cas où les discussions se poursuivent jusque
dimanche.
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