Bosnie: un Serbe élu maire de Srebrenica
Cette élection, lundi, soulève de nombreuses contestations dans le pays. L'association des "mères de Srebrenica" reproche à la communauté internationale de pas être intervenue.
Un Serbe de Bosnie a officiellement été déclaré, lundi 17 octobre, vainqueur de la municipale de Srebrenica, ville-martyre de la guerre en Bosnie. Selon les résultats officiels, Mladen Grujicic a remporté 54,4 % des suffrages le 2 octobre, contre 45,5 % au sortant bosniaque Camil Durakovic, soit un écart de 768 voix.
Mais le maire sortant musulman refuse de concéder cette victoire."Je n'admets aucune défaite aujourd'hui", a réagi Camil Durakovic, lors d'une conférence de presse à Sarajevo. Il a notamment dénoncé la décision de la Commission électorale de ne pas prendre en compte quelque 2 000 voix par correspondance, arrivées en retard et a remis en cause le vote de 1 700 électeurs serbes dépourvus, selon lui, "de documents en règle".
Srebrenica, une ville dirigée par les musulmans depuis 1999
Cette ville de Bosnie orientale a été le théâtre en juillet 1995 du massacre de plus de 8 000 hommes et adolescents musulmans bosniaques par les forces serbes de Bosnie. Elle était dirigée sans interruption par des musulmans depuis 1999.
Les Bosniaques (musulmans de Bosnie) s'étaient inquiétés des conséquences d'une victoire du Serbe Mladen Grujicic, lui reprochant notamment de ne pas qualifier ce massacre d'acte de génocide et d'avoir reçu le soutien de l'ultranationaliste serbe Vojislav Seselj.
Bien qu'acquitté par la justice internationale, ce responsable d'extrême droite, dont le portrait était placardé sur les affiches de son parti à Srebrenica durant la campagne, est considéré par les Bosniaques comme un chantre de l'épuration ethnique.
"Nous avons été trahis par la communauté internationale"
Hatidza Mehmedovic, qui dirige l'une des principales associations des "mères de Srebrenica", a reproché à la communauté internationale de n'être pas intervenue pour faire annuler l'élection. "Nous avons été trahis par la communauté internationale en 1995 (...) et ils viennent de nous trahir une seconde fois."
Selon elle, Mladen Grujicic "ne peut pas diriger" la ville "parce que ses idoles sont des criminels de guerre, comme Radovan Karadzic", condamné pour crimes de guerre et contre l'humanité, et acte de génocide. Mladen Grujicic, un professeur de chimie de 34 ans, a admis que "le crime contre les Bosniaques a eu lieu", mais laisse "aux institutions compétentes le soin de le qualifier".
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