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Belgique: back office du djihad en Europe

D’après Europol, l’équivalent européen d’Interpol, entre 3000 et 5000 Européens seraient partis faire le Jihad. La Belgique est le pays qui, proportionnellement à son nombre d’habitants, concentre le plus grand nombre de djihadistes confirmés ou prêts à le devenir.
Article rédigé par Guillaume Thomas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
 

Avec l’opération policière de Verviers, dans l’est du pays, les Français découvrent que la Belgique est également un « repère » de djihadistes violents et surarmés. En réalité, cette situation ne date pas d’aujourd’hui. Il y a une douzaine d’années Pierre Nicolas avait déjà réalisé pour Avenue de l’Europe et le 19/20 des reportages autour de la radicalisation dans les mosquées belges. A l’époque, cela n’intéressait pas grand monde. Cet excellent enquêteur avait découvert que, durant les années 80 et 90, ce pays avait accueilli les responsables d’attentats algériens ou marocains au prétexte qu’ils luttaient contre des dictatures. Il avait démontré que ces terroristes avaient trouvé refuge dans quelques mosquées et y avaient fait prospérer leur triste idéologie en y créant des cellules radicalisées et extrêmement bien organisées. Le phénomène avait éclaté au grand jour après les attentats du 11 septembre 2001. Les enquêteurs avaient découvert que la Belgique était devenue une sorte de back office pour les talibans et Al-Qaïda.
En décembre dernier, c'est-à-dire avant les attentats en France, nous avions décidé de faire un numéro du magazine autour du phénomène du djihad dans l’Union européenne. Danemark et sa cellule de déradicalisation ? Suède ? Le choix était malheureusement vaste. Nous avons finalement décidé d’aller en Belgique. L’attentat contre le musée juif perpétré en mai dernier y avait fait 4 morts.
Anne Gaëlle Matowski et Nordine Tahar sont partie en Belgique quelques jours avant la fusillade de Verviers. La situation qu’ils ont trouvée fait froid dans le dos. Depuis les reportages de Pierre Nicolas les choses ont empiré. Normalement Anne Gaëlle et Nordine avaient décidé de couvrir à Anvers la fin du procès d’une des plus vastes cellules de djihadistes du Royaume, Sharia4Belgium. 46 prévenus suspectés d’avoir aidé une grande partie des 300 ou 400 belges partis faire la « guerre sainte » en Syrie. Le verdict était prévu le 13, soit quelques jours après l’attaque de Charlie Hebdo et les deux prises d’otages en France. Il a été reporté. Officiellement en raison d’une nouvelle pièce au dossier. Officieusement parce que la situation était trop risquée. On comprend aujourd’hui pourquoi.
Le reportage d’Anne Gaëlle et Nordine sera diffusé le 31 janvier à 18 h 30. Il démontrera combien la Belgique est restée bien naïve face à la radicalisation de certains de ses ressortissants. Vous entendrez ainsi le témoignage incroyablement violent de l’un des prévenus de la cellule sharia4belgium. Laissé en liberté car revenu seulement après 15 jours de Syrie et considéré comme un petit poisson. Vous découvrirez aussi que, pour améliorer l’intégration, l’enseignement des religions fait partie du cursus scolaire. Pourquoi pas ? Sauf qu’il est laissé au libre arbitre des différents clergés et qu’il est manifestement prouvé que certains l’utilisent pour endoctriner les enfants.
Nous diffuserons dans la même émission le reportage que Frédérique Maillard et Salah Agrabi ont tourné à Brighton et Londres. Aboubakar a trois fils partis faire le jihad en Syrie. Deux sont morts. Le frère d’Aboubakar avait lui-même été arrêté au Pakistan après les attentats de New York, torturé à Guantanamo et finalement libéré, ses avocats ayant démontré qu’il y avait eu une erreur d’identité. Il fait la guerre aujourd’hui en Lybie. Une terrible histoire de famille, n’est-il-pas ?

Véronique Auger

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