Aucun des trois principaux chefs de partis britanniques a pris un avantage déterminant jeudi soir lors du 2e débat
Celui-ci portait sur la politique étrangère : l'Europe, l'Afghanistan, le climat ou l'immigration.
Le Premier ministre Gordon Brown a reproché au leader libéral-démocrate Nick Clegg de contribuer à affaiblir le Royaume-Uni et au chef des conservateurs David Cameron de vouloir l'isoler en Europe.
Organisé par la chaîne Sky News à Bristol, ce débat s'il n'a pas été déterminant a été marqué par de vifs échanges. Le chef du gouvernement avait ouvert le débat en déclarant : "Si tout ceci porte sur le style et les relations publiques, ne comptez pas sur moi. S'il s'agit de discuter des grandes décisions, si c'est une affaire de jugement, des moyens d'assurer un futur meilleur pour ce pays, alors je suis votre homme".
Plus combatifs que lors du débat précédent, les chefs des trois principaux partis ont échangé leurs arguments sur l'Europe, l'Afghanistan, le climat ou l'immigration en vue des législatives du 6 mai. Aucun n'a semblé prendre un avantage déterminant sur ses deux rivaux.
La prestation de Nick Clegg, déclaré vainqueur haut la main du premier débat par les médias, était très attendue. Elle avait suscité un regain de popularité dans les sondages du parti libéral-démocrate (centriste), traditionnellement le troisième parti de la vie politique britannique.
"Nick, vous nous laisseriez faibles, et David vous nous laisseriez isolés en Europe", a accusé Gordon Brown, en conclusion de ce deuxième débat télévisé. Peu porté sur le jeu médiatique, le premier ministre avait auparavant souhaité un débat portant sur la substance pas "le style et les relations publiques".
Il ne faut pas "répandre la peur", a rétorqué avec assurance Nick Clegg, dont le parti pourrait servir de pivot à une coalition gouvernementale dans l'hypothèse, très probable au vu des sondages, où aucun parti ne remporterait la majorité absolue aux élections. A plusieurs reprises, le "lib dem" et le travailliste ont semblé former une alliance tacite pour dénoncer le risque posé à leurs yeux par David Cameron, dont le parti tente de revenir au pouvoir après 13 ans d'opposition.
"Nous sommes plus forts ensemble et plus faibles séparément", a estimé le très europhile Nick Clegg, en défendant avec vigueur l'appartenance de son pays à l'Union européenne.
A David Cameron qui disait vouloir "être dans l'Europe, pas dirigé par l'Europe", Gordon Brown a répondu en l'accusant de vouloir une "Grande-Bretagne étriquée", isolée de ses partenaires.
Nick Clegg n'a pas mâché ses mots en reprochant aux Tories d'avoir quitté le PPE, l'alliance de centre-droit au Parlement européen, pour rallier un petit bloc anti-fédéraliste avec des partis tchèques et polonais, une bande de "barjots" antisémites, selon lui. Le leader libéral-démocrate a continué à essayer de se différencier de ses deux rivaux, en rappelant s'être opposé à l'engagement britannique en Irak, décidé par le Labour avec l'assentiment des conservateurs.
Une vive passe d'armes l'a opposé à Gordon Brown sur la volonté des "lib dems" de renoncer à la modernisation du système britannique de missiles balistiques nucléaires Trident - dont le coût est estimé à 20 milliards de livres - à l'horizon 2020. "Un peu de bon sens", a lancé le chef du gouvernement à Nick Clegg en évoquant le danger nucléaire représenté, selon lui, par l'Iran ou la Corée du Nord.
Alors que les derniers sondages ont ramené les libéraux-démocrates presque au niveau des Tories, la presse conservatrice avait attaqué jeudi le "troisième homme" Nick Clegg .
Le Daily Telegraph avait consacré sa Une aux "révélations" sur des dons d'hommes d'affaires versés directement sur le compte bancaire de Nick Clegg et non sur celui du parti. Lors du débat, M. Clegg les a balayées du revers de la main, les qualifiant de "balivernes".
Une moyenne de cinq sondages instantanés diffusés immédiatement après le débat donnait MM. Clegg et Cameron quasiment à égalité (respectivement 33,8% et 32,8% d'avis favorables), devant M. Brown (27,6%).
"Gordon Brown a été bien meilleur, Nick Clegg est resté fort, et David Cameron a fait mieux que se défendre", estimait le Guardian dans son éditorial. Surtout, le débat "a montré que la poussée des Libéraux-démocrates n'était pas un accident et sera probablement durable", argumentait le quotidien de centre-gauche.
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