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Qui a pris la photo de la jeune femme ensanglantée devenue symbole des attentats de Bruxelles ?

Ketevan Kardava, correspondante à Bruxelles de la télé publique géorgienne, est l'auteure de cette photo, saisie à l'aéroport de Zaventem mardi matin.

Article rédigé par Anne Brigaudeau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
De nombreux quotidiens ont mis en une la photo de cette victime en sang et partiellement dénudée, mercredi 23 mars 2016.  (FRANCETV INFO)

Hagarde, en soutien-gorge, le visage ensanglanté, la jeune femme regarde autour d'elle. Dans quelques heures, sa photo aura fait le tour du monde. De l'américain USA Today à l'italien Corriere della Serra en passant par Aujourd'hui en France, elle s'affiche mercredi 23 mars à la une de plusieurs quotidiens, illustrant l'effroi suscité par les attentats de Bruxelles qui ont fait, selon un bilan provisoire, 31 morts et 260 blessés.

Des journaux américains reviennent sur la genèse de ce cliché, pris par Ketevan Kardava, 36 ans, correspondante à Bruxelles pour un média géorgien. En partance pour Genève, la journaliste se trouvait dans le hall de départ de l'aéroport de Bruxelles, mardi 22 mars au matin, quand la première bombe a explosé, à un mètre et demi d'elle. 

Un "devoir" de journaliste

"Fenêtres et portes ont volé" a-t-elle confié au magazine Time. "L'air était envahi de poussière et de fumée. Partout autour de moi, je voyais des dizaines de gens sans jambes, baignant dans le sang"Moins d'une minute plus tard, la seconde explosion retentit, provoquant une fuite générale.

Tentée de suivre le mouvement, Ketevan Kardava s'est dit qu'il était de "son devoir de photographe de presse de montrer le monde tel qu'il est", et qu'elle était seule à pouvoir le faire. 

"Que faites-vous dans une telle situation si vous êtes journaliste ? Vous aidez ? Vous demandez à un médecin de venir ? Ou vous prenez une photo ? A ce moment, j'ai réalisé que pour montrer ce qui survient dans un moment de terreur, une photo était plus importante", a-t-elle expliqué à USA Today"En tant que journaliste, ajoute-t-elle, c'était mon instinct. Je l'ai postée sur Facebook et j'ai écrit 'explosion ... aidez-nous'."

Un attentat "peut se produire n'importe où, n'importe quand"

Ketevan Kardava précise que cette sinistre expérience a changé sa vision du monde : "J'ai vécu huit ans à Bruxelles et j'ai couvert beaucoup de choses, y compris les attentats de Paris. Mais j'ai désormais compris que cela peut se produire n'importe où, n'importe quand. Que le terrorisme n'a pas de frontières".

Elle avoue qu'elle ne sait pas si elle peut poursuivre sa carrière de journaliste. "Comment puis-je retourner sans crainte dans un aéroport, dans un métro ? Je ne sais pas." Sur Twitter, certains internautes se sont toutefois dit choqués de la diffusion de cette photo d'une victime en soutien-gorge et vêtements déchirés, y voyant une atteinte à sa dignité.

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