Non, deux fans du Benfica ne se sont pas trompés de Francfort à cause de leur GPS
L'histoire insolite a été partagée par des dizaines de médias, mais l'aventure des deux supporteurs portugais qui se disaient trompés par leur GPS en voulant aller voir jouer leur équipe à Francfort est une opération de communication d'un magazine de foot allemand.
Leur histoire a séduit de très nombreux médias à travers l'Europe ces dernières heures : deux supporteurs du Benfica Lisbonne ont voulu se rendre à Francfort pour voir jouer leur équipe jeudi soir sur le terrain de l'Eintracht Francfort en quarts de finale retour de la Ligue Europa.
Mais après 28 heures de voiture, les deux Portugais se sont rendus compte que leur GPS les avaient amenés à Francfort-sur-l'Oder (près de la Pologne) au lieu de Francfort-sur-le-Main (près de la France)... soit à quelque 600 km du lieu de la rencontre. Et si l'histoire est devenue virale sur les réseaux sociaux et prisée par de nombreux médias, c'est qu'ils l'ont racontée en direct sur Instagram(Nouvelle fenêtre).
Une campagne de communication
Sauf que cette histoire est totalement fausse. Il s'agit en fait d'une campagne de communication marketing lancée par le magazine sportif 11Freunde pour promouvoir sa version portugaise. Le mensuel allemand l'a lui-même annoncé en publiant directement sur le compte Instagram utilisé pour raconter la fausse histoire : "11Amigos, l'un des rares magazines auquel vous pouvez vous fier".
Voir cette publication sur InstagramOne of the few magazines you can trust. @11freunde(Nouvelle fenêtre)
Quant au visage d'Alvaro Oliveria, utilisé pour raconter cette histoire sur Instagram, il s'agit en fait de Marcelo Rodrigues, un acteur portugais qui vit actuellement à Berlin.
D'abord parce que derrière le compte Instagram du supporteur de Lisbonne Alvaro Oliveria se cache un acteur, il s'appelle Marcelo Rodrigues pic.twitter.com/zqR8X6GiPJ(Nouvelle fenêtre)
— Antoine Krempf (@AKrempf) 19 avril 2019(Nouvelle fenêtre)
Une histoire douteuse dès sa publication
Bien avant que 11Freunde ne révèle la supercherie, plusieurs indices pouvaient faire penser à un canular ou du marketing viral. D'abord, le compte Instagram utilisé a été créé il y a une dizaine de jours et ne s'était abonné qu'à des comptes vérifiés et très populaires sur le réseau social (peu ou pas de supporters "anonymes" du Benfica par exemple).
Ensuite, avant de raconter sa mésaventure allemande, le compte n'avait publié que huit photos, qui ne correspondent pas vraiment à l'utilisation "classique" d'Instagram, propice aux selfies et autres mises en scène de soi dans des paysages reconnaissables.
Il y avait d'ailleurs de quoi douter de l'existence d'Alvaro Oliveira. Son compte Insta est récent (2 avril) et avant de publier son histoire de GPS, il n'a publié que 8 photos très vagues et impersonnelles. Les deux images liées au foot viennent du compte twitter de Benfica pic.twitter.com/QtQheQwKQk(Nouvelle fenêtre)
— Antoine Krempf (@AKrempf) 19 avril 2019(Nouvelle fenêtre)
Par ailleurs, lorsque l'on regarde le récit de ce roadtrip, il y a quelques incohérences. Au moment où les deux supporteurs sont censés partir de Lisbonne, la géolocalisation de leur téléphone portable indique qu'ils sont déjà à proximité de Francfort-sur-l'Oder :
Maintenant sur l'histoire du périple à Francfort... La story Instagram débute par un itinéraire Google Amadora/Paris/"Frankfurt". Or, par défaut, Google indique la localisation du téléphone (point bleu entouré de blanc)... qui apparaît déjà en Allemagne. pic.twitter.com/0BaIcwrU8y(Nouvelle fenêtre)
— Antoine Krempf (@AKrempf) 19 avril 2019(Nouvelle fenêtre)
Autre exemple d'incohérence : la tenue des deux supporters. Les deux hommes sont censés être des fans du Benfica, assez passionnés pour parcourir des centaines de kilomètres en voiture pour voir jouer leur équipe préférée. Et pourtant, s'ils arborent bien les couleurs du club lisboète (rouge et blanc), l'un porte un maillot à l'envers(Nouvelle fenêtre) et l'autre un simple polo, sans aucune indication ou logo de l'équipe.
Pris séparement, tous ces indices ne permettent pas d'affirmer à coup sûr qu'il s'agissait d'une fausse histoire. Mais l'accumulation d'incohérences rendait son authenticité très douteuse.
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