L’Allemagne pourrait autoriser la fracturation hydraulique
Tout est venu d’un courrier adressé par le ministre de l’Economie et de l’Energie, Sigmar Gabriel, à quelques députés. Il y indique que ses services et ceux du ministère de l’Environnement travaillent à l’élaboration d’un cadre juridique à l’exploitation du gaz de schiste.
Du coup, tout le monde y a vu un feu vert à la fracturation hydraulique. Mais c’est peut-être aller trop vite en besogne. En fait, dans son courrier, le ministre parle d’imposer à chaque projet potentiel «un examen de compatibilité environnementale». Il faudrait également l’accord des autorités en charge de l’eau.
Remplacer le gaz russe
L’industrie allemande réclame la possibilité d’exploiter les gaz. Elle y voit un moyen de réduire la facture énergétique allemande. A cela s’ajoute aujourd’hui une dimension géostratégique, avec la crise ukrainienne, et les risques d’approvisionnement en gaz russe.
Aussi, les exploitants du gaz naturel tentent d’enfoncer un coin. «Les choses bougent», se plaît-on à dire. Ils mettent en avant leur compétence dans la fracturation hydraulique qu’ils utilisent déjà dans 300 forages. Sauf que le gaz de schiste se situe bien plus profondément, sous les nappes phréatiques, ce qui a valu l’interdiction d’exploitation tout comme en France.
En 2013, le précédent gouvernement Merkel avait préparée une loi sur la fracturation hydraulique. La technique était interdite dans les zones d’eau protégées et de sources. Ailleurs, il fallait l’accord des autorités. Un projet peu différent de l’actuel, que le gouvernement avait dû abandonner devant le tollé provoqué.
Un potentiel faible
Qu’en sera-t-il cette fois ? Déjà les écologistes sont montés au créneau. Ils estiment que 15% du territoire seulement serait à l’abri, et que sur les 85% restants, la fracturation hydraulique serait autorisée.
Pour l’heure, la seule fracture constatée se situe au sein du gouvernement. La ministre de l’Environnement, Barbara Hendricks, a redit son opposition à cette technique. «Une mauvaise solution qui apporte une mauvaise réponse aux problèmes d’approvisionnements énergétiques.»
Sigmar Gabriel prendra-t-il le risque d’énerver une opinion publique très sensible aux problèmes écologiques ? D’autant que le jeu n’en vaut peut-être pas la chandelle. Les réserves connues n’assureraient que l’équivalent de six années de consommation de gaz. Pas grand-chose quand le potentiel français est huit fois plus important.
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