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L'Allemagne, un géant agricole

L’Allemagne n’est pas que le pays de la sidérurgie et de l’industrie automobile : elle est devenue en quelques années un géant agricole. En 2012, l'Allemagne a affiché un record d'exportations agricoles et agroalimentaires à 63,9 milliards d'euros.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Elevage en Allemagne sur fond de centrale nucléaire. En 10 ans, l'agriculture allemande a fortement progressé. (PATRIK STOLLARZ / AFP)

Plusieurs recettes expliquent ce succès : concentration des exploitations, spécialisation, productivité et... bas salaires dus à l’absence de salaire minimum et à l’emploi de main d’œuvre venue de l’est. Quelques chiffres illustrent les réussites de l’agriculture allemande.

L'Allemagne est le deuxième producteur agricole de l'Union européenne derrière la France. Plus de la moitié de la surface du territoire allemand est utilisée à des fins agricoles, soit près de 17 millions d'hectares.
C'est ainsi que la France est passée de la deuxième place mondiale, derrière les Etats-Unis, au quatrième rang, derrière les Pays-Bas et l'Allemagne (qui reste un gros importateur net), pour les exportations agricoles notait Le Parisien en 2011.

Ainsi, pendant cette période, en Allemagne, la production de porcs a augmenté de 30% et celle de volailles s'est envolé de 70%. Dans la filière porcine, l’Allemagne a connu une croissance impressionnante, passant de 3,9 millions de tonnes à 5,3 millions. «Contrairement à la tendance de l'Union européenne, l'Allemagne est devenue sur la dernière décennie un exportateur net de viande», indique La Fédération allemande des agriculteurs citée par Les Echos.

Spécialisation et concentration
La part de l’Allemagne dans l’agriculture européenne a peu évolué. «Elle a progressé dans le sucre, le porc, le lait et surtout la volaille, mais a diminué dans le colza, le bœuf et les œufs», précise Le Monde qui note «la concentration des exploitations (environ 300 000) dont le nombre «diminue d'environ 5 % par an». L'agriculture allemande est dominée par l'élevage, qui réalisait en 2008 57% du chiffre d'affaires (lait«: 25%, porcins : 18%, bovins : 8,5%, œufs et volailles : 5,4%), tandis que les céréales ne pèsent que pour 13% dans les recettes agricoles. Le modèle français est, lui, surtout tourné vers les productions végétales et les signes de qualité, notait le Sénat dans un rapport.


Cette concentration se fait sentir dans l'élevage avicole (où les exploitations sont bien plus grandes qu'en France) et surtout dans la production porcine. En témoigne le nom donné à une grande région qui s’étendrait de la mer du Nord au sud de la Ruhr, à qui on a donné le nom de «ceinture de graisse» (Speckgürtel en allemand) en raison de l’importance de l’élevage porcin. Depuis 10 ans, l’Allemagne est le premier producteur de cochons en Europe avec 5,5 millions de tonnes (1,9 million de tonnes pour la France). 

 
Même efficacité dans le traitement des animaux morts. Au point que les pays voisins, comme le Danemark, ont dû fermer les abattoirs pour alimenter ceux d'Allemagne.

Des coûts très faibles
Spécialisation, concentration semblent-être les deux mamelles de la réussite agricole allemande. Mais pas seulement. D’autres éléments entrent  en ligne de compte comme le poids et la structure de la demande. Les Allemands sont de gros consommateurs de porcs d’où l’importante production locale. De plus, le réseau de distribution allemand privilégie les productions locales. «Comme les autres secteurs de l'économie, la filière agricole allemande bénéficie d'un environnement favorable, qu'il s'agisse de prélèvements publics inférieurs, d'une fiscalité accommodante pour les sociétés, d'un coût du travail comparable désormais à celui de ses concurrents, voire plus intéressant ─ notamment dans les secteurs des abattoirs et du salariat occasionnel ─, d'une économie très tournée vers l'international, d'une position centrale en Europe et d'une recherche particulièrement active», notait le Sénat français dans son rapport.
 
Autre élément important : les coûts. La chaîne agricole allemande bénéficierait, sur le marché concurrentiel européen, de deux avantages : l’absence de salaire minimum qui permet des rémunérations très faibles et l’emploi de main d’œuvre sous-payée venue de l’est de l’europe. Un reportage des Echos en témoigne : «Matthias Brümmer, responsable de la section locale du syndicat pour l'alimentation et la restauration (NGG), a une feuille de paie d'un salarié est-européen sous les yeux : "580 euros par mois ! lâche-t-il. Un employé allemand touche en moyenne 2.000 euros". Depuis dix ans, le syndicaliste dénonce les pratiques opaques de cette branche, dont les sites de production emploient régulièrement 75% de leur personnel par ce biais.»

Panneaux solaires sur une étable en Allemagne,  (RALF HIRSCHBERGER / ZB / PICTURE-ALLIANCE/AFP)

Autre explication avancée par le JDD la loi sur les énergies renouvelables (EEG) introduite en 2000 a ouvert un nouveau débouché : la production de biogaz à partir des céréales. «Les Allemands bénéficient d'une double subvention : les aides européennes relatives à la surface exploitée et les subventions nationales s'ils cultivent des céréales pour les installations de biogaz», constate Sabine Pichl, agricultrice syndiquée de la Confédération paysanne. En Allemagne, le prix du biogaz est garanti sur vingt ans. «Le développement des énergies renouvelables, et particulièrement des bioénergies, profite directement aux agriculteurs», note le Sénat français.

Une facture politique ?
Le succès de cette agriculture essentiellement productiviste ne va pas sans poser des problèmes. Des problèmes sociaux, qui pourraient évoluer si un salaire minimum est imposé après les élections, mais aussi environnementaux. Résultat, les Verts, toujours puissants en Allemagne, en ont fait un thème de campagne. Un thème qui peut se révéler efficace comme en janvier dernier, lors des élections régionales de Basse-Saxe. La majorité CDU avait été battue…

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