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L'Allemagne arrête trois réacteurs nucléaires en pleine crise de l'énergie en Europe

Les trois dernières centrales du pays cesseront de fonctionner fin 2022. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 1 min
La centrale nucléaire de Brokdorf (Allemagne), ici photographiée le 22 septembre 2010, fait partie des trois sites qui sont mis hors circuit le 31 décembre 2021. (JOHANNES EISELE / AFP)

Alors que l'Europe affronte actuellement l'une des pires crises énergétiques de son histoire, la moitié de la capacité nucléaire allemande restante va être mise hors circuit, vendredi 31 décembre. Le retrait de trois réacteurs nucléaires sur six encore en activité intervient en pleine crise énergétique européenne, attisée par le regain récent des tensions géopolitiques entre le principal fournisseur de gaz, la Russie, et ses clients.

Les blocs situés dans les villages allemands de Brokdorf, Grohnde et Gundremmingen vont cesser de fonctionner au passage en 2022. Le tout représente environ quatre gigawatts-heure de puissance installée, soit l'équivalent d'un millier d'éoliennes. Fin 2022, ce sera au tour des trois dernières centrales du pays, Neckarwestheim (sud), Isar 2 (sud) et Emsland (nord), avec là aussi une capacité d'environ 4 GW retirée du réseau.

La catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011 avait convaincu en quelques jours l'ancienne chancelière Angela Merkel d'enclencher l'abandon du nucléaire en Allemagne.

Vers une hausse des prix de l'énergie

Malgré le retrait d'une énergie qui a pesé encore pour environ 11% de l'électricité générée en 2020, "la sécurité d'approvisionnement en Allemagne reste garantie", a déclaré mardi Robert Habeck, ministre vert de l'Economie et de la Protection du climat. En attendant que les énergies renouvelables ne comblent totalement ce manque, l'Allemagne se fournit massivement en combustible fossile, particulièrement en gaz.

Ceci a un prix. Les cours européens du gaz ne cessent de s'envoler, dans le sillage des tensions géopolitiques avec la Russie, principal fournisseur vers l'Europe. Selon Sebastian Herold, professeur de politique énergétique à l'université de Darmstadt, la fin de l'énergie nucléaire en Allemagne devrait faire grimper les prix encore davantage. "A long terme, on espère que l'augmentation des énergies renouvelables équilibrera les choses, mais ce ne sera pas le cas à court terme." L'Allemagne devrait "rester globalement plus dépendante du gaz naturel, du moins à court terme, et donc aussi un peu plus dépendante de la Russie".

Autre revers : la fermeture de centrales nucléaires enlève une source clé d'énergie à faible rejet de carbone, dans un pays où les émissions sont en augmentation. Le recours aux combustibles fossiles pour compenser devrait alourdir les émissions de CO2 de "jusqu'environ 40 millions de tonnes" par an, selon l'institut berlinois DIW.

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