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Grèves: l'Allemagne, elle aussi, gagnée par la contestation sociale

Alors qu'en 2015 le nombre de grévistes en Allemagne a atteint un niveau record depuis une décennie, plusieurs secteurs, notamment dans l'industrie et les transports, se sont mobilisés à leur tour au printemps 2016. Le signe d'un essoufflement du dialogue social.
Article rédigé par Charles Deluermoz
France Télévisions
Publié
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Près d'un an après la grève de la Deutsche Bahn, la SNCF allemande, qui avait immobilisé le pays pendant plusieurs jours, les ouvriers de la métallurgie et de la construction mécanique se sont mobilisés en mai 2016 pour réclamer une hausse de 5% de leurs salaires. Quelques semaines plus tôt, les salariés du service public avaient lancé le mouvement, réclamant pour leur part une augmentation de 6%. Enfin, un vaste mouvement de grève dans six aéroports du pays a provoqué l'annulation de 1 200 vols le 27 avril.
 
Si les négociations semblent avoir abouti sur des accords satisfaisants, ces grèves à répétition sont le signe d'un essoufflement du dialogue social. Pour la seule année 2015, le nombre de journées conflictuelles a été multiplié par plus de cinq par rapport à 2014. 2015 est ainsi devenue l'année la plus chargée en jours de grève depuis près de 10 ans.
 
Face à des mouvements sociaux répétés, le gouvernement allemand a adopté le 22 mai 2015 une loi controversée. Destinée à donner plus de pouvoir aux syndicats les plus représentatifs, elle vise à uniformiser les accords salariaux au sein d'une même entreprise en donnant la priorité aux accords collectifs, au détriment des petites organisations. Ainsi, s'il y a mésentente entre deux syndicats, c'est celui qui compte le plus d'adhérents qui remporte les négociations. Le moyen peut-être aussi d'empêcher les organisations moins représentatives d'organiser des mouvements de contestation. 
 
Un «droit de grève intact» ou pas?
«Le droit de grève reste intact», avait affirmé Andrea Nahles, la ministre du Travail et des Affaires sociales. Ce droit est régi par des règles très particulières.

Il peut seulement concerner les conditions de travail définies dans les conventions d'entreprise ou de branche. Toutes contestations d'ordre politique sont interdites.

De leur côté, les fonctionnaires n'ont pas le droit de cesser le travail. Mais la majeure partie de salariés travaillant dans les services publics, qui ont des contrats de travail de droit privé, peuvent faire grève. Et ce sont eux qui assurent l'essentiel de ces services.
 
Aujourd'hui, si les grèves restent malgré tout relativement peu fréquentes en Allemagne, c'est davantage la nature de celles-ci qui semble avoir changé. Déclenchées dans les secteurs publics, elles touchent davantage le quotidien des citoyens. Auparavant, elles étaient surtout concentrées dans le secteur de l'industrie.   
 
Alors qu'en Europe et ailleurs, la France fait souvent figure de pays socialement contestataire, l'exemple allemand semble prouver que les mouvements de grève ne sont pas toujours une spécificité française. 

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