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François Hollande: le «nouvel homme fort de l'Europe»?

La presse européenne le pense : le président français, François Hollande, a joué un rôle central dans l’accord du 13 juillet 2015 sur la Grèce. Notamment en se faisant l’intermédiaire entre le camp des durs (parmi lesquels l’Allemagne) et Athènes. Petit tour d’horizon des journaux de l’UE.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Le président François Hollande à Bruxelles le 7 juillet 2015 (REUTERS - Philippe Wojazer)
«La presse française, du Figaro au Monde, en passant par les chaînes d’info continue, est la seule à m’éreinter», explique le chef de l’Etat, selon des propos qui lui sont prêtés par Le Canard Enchaîné à la suite du sommet de Bruxelles des 12 et 13 juillet 2015. «Il s’est félicité, en revanche, des analyses ‘‘pertinentes’’» de leurs confrères européens, rapporte le palmipède. Analyses «pertinentes» parce que positives : toutes choses auxquelles François Hollande n’est pas forcément habitué…
 
Le ton des commentaires européens n’en est pas moins mi-humoristique, mi-ironique.
 
«‘‘Wackelpudding’’ Hollande est en train de devenir le nouvel homme fort de l’Europe», commente ainsi le quotidien allemand Die Welt. «Wackelpudding» ? Un mot employé par son article pour tenter de traduire du français le terme «Flanby» (sic), marque d’un célèbre flan au caramel. Précisons que «Flamby» est aussi le surnom du chef de l’Etat dont l’aurait affublé, selon les sources, Laurent Fabius ou Arnaud Montebourg. Un surnom parce qu’il passe pour «mou» et «indulgent», dixit Die Welt.   
 
«Comme les temps changent ! Jusque là, c’était la chancelière Angela Merkel qui passait pour la chef de l’Europe», raconte le journal. On l’a vu lors de la crise ukrainienne. Mais aussi pendant la crise grecque. «Merkel s’entretient avec Alexis Tsipras, le Premier ministre grec. Jusque-là, si les choses ne se passaient pas bien, le Grec s’adressait à Jean-Claude Juncker, le président de la Commission de l’UE. Et quand des observateurs extérieurs à la zone euro avaient besoin d’éléments sur la crise de la dette, c’est à Angela Merkel qu’ils s’adressaient. Pas à François Hollande.»

Mais maintenant, «tout cela pourrait changer. Car, de manière totalement surprenante, le président français s’est immiscé dans le débat sur la dette grecque. Ses experts ont aidé Tsipras à finaliser ses propositions pour un nouveau plan d’aide. Et c’est Hollande qui a été le premier à annoncer que les Grecs avaient, cette fois, envie de mener de vraies négociations», poursuit le quotidien berlinois.

Ce nouveau rôle, qui permet à Paris de sortir du rôle de «partenaire junior» de Berlin et de revenir au premier plan, rend peut-être service à la chancelière, pense Die Welt... Car «l'idée d'une aide supplémentaire est très impopulaire en Allemagne» et elle est soumise à la pression de son très apprécié ministre des Finances, Wolfgang Schäuble...

Dans l'UE, Die Welt n'est pas le seul journal à faire ces observations. François Hollande «a été le leader européen qui, ces jours-ci est resté le plus poche du Grec Alexis Tsipras. Tout en étant en contact permanent avec la chancelière Angela Merkel», constate l'espagnol El Pais. «Son travail de médiation pour la recherche d'un ''compromis'', comme l'a lui-même dit Hollande, l'a placé dans un difficile équilibre entre la solidarité avec Athènes et la nécessité de préserver sa relation avec Berlin, laquelle a pesé le plus.»

Le chef de l'Etat français est «conforté par l'accord de Bruxelles», analyse de son côté le site de la BBC. «Alors que la France célèbre son passé avec sa fête nationale, on sent parmi les Français la fierté que leur président a contribué à la conclusion d 'un accord entre la Grèce et ses débiteurs de la zone euro», explique la journaliste de la radio-télé britannique. 

De haut en bas: Alexis Tsipras, François Hollande et Angela Merkel à Bruxelles le 7 juillet 2015

Le 14 juillet célèbre le jour de la prise de la Bastille il y a 226 ans, rappelle le site de «Auntie» (Ma Tante). «François Hollande n'arrive pas à se souvenir de la dernière fois qu'on l'a traité de ''révolutionnaire''. Mais son rôle au coeur de cette crise difficile a été très clair. Les phtotographies de discussions montrent M.Hollande et Angela Merkel discutant ensemble avec M.Tsipras. L'expression de leurs visages est un véritable baromètre des tensions qu'ils avaient à gérer dans cette impasse.» Sous-entendu: des tensions que le Français a réussi à surmonter.

«Entre une chancelière allemande confrontée à la colère de ses concitoyens à propos de la dette grecque et au plan allemand pour le "Grexit", (...) c'est le président français qui a su aplanir les difficultés», constate le site de la BBC. Et d'ajouter: «Le propre parti de M.Hollande a oublié qu'il est un excellent négociateur.» «Hollande Bashing» en France, louanges sur le président hors de France: la vie politique est décidément injuste... 

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