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En Europe, 46.000 pavés de la mémoire rappellent les persécutions nazies
Dans les rues de plusieurs villes d'Europe, dont Freiburg-im-Breisgau dans le Bade-Wurtemberg, des pavés gravés («Stolpersteine» en allemand) tranchent sur l'uniformité. Chacun porte le nom d'une personne victime des nazis. Un artiste a voulu ainsi inscrire dans la durée le souvenir de ces persécutés disparus et les sauver de l'oubli.
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Alors que les derniers nazis comme Oskar Gröning, 93 ans, comptable au camp d'Auschwitz poursuivi pour «complicité de 300.000 meurtres aggravés», sont jugés en Allemagne, les noms de certaines de leurs victimes sont désormais gravés là où elles vivaient avant les persécutions. A l'initiative de Günther Demnig, un artiste qui en a eu l'idée en 1993, des pavés portent désormais les noms d'hommes et de femmes emportés par la tourmente de l'Histoire, victimes des nazis du fait de leur confession juive ou pour d'autres raisons ethniques, politiques, de handicap ou d'orientation sexuelle. Il y en a 46.000 en Europe.
C'est le cas à Fribourg-im-Brisgau dans le land du Bade-Wurtemberg, à une quarantaine de kilomètres de Colmar. Les noms et quelques mots sur leur tragique destin sont inscrits sur des pavés dorés, une couleur qui tranche sur le gris général et attire le regard des passants. Le mot de Stoperstein désigne une pierre qui affleure et qui peut faire trébucher. Avant l'ère nazie, un dicton allemand voulait que lorsqu'une personne non-juive trébuche ainsi sur un caillou ou une bosse, elle dise : «ll y a un Juif enterré ici.»
Jusque chez Hitler
En 2006, Günter Demnig a placé onze de ces pavés de la mémoire dans le district de Braunau-am-Inn, la ville natale d'Adlof Hitler, en Autriche. En plus de l'Allemagne où 20.000 Stopelsteine ont été installées dans plus de 400 villes, on en trouve désormais dans plusieurs pays d'Europe : Autriche, Pays-Bas, Belgique, Hongrie, Pologne et dans quelques villes françaises.
Mais à La Baule, d'où 32 personnes, dont de très jeunes enfants, ont été déportées vers Auschwitz, le conseil municipal a refusé l'installation de pavés de la mémoire prétextant attendre un avis du Conseil d'Etat sur la conformité des pavés avec le principe de laïcité.
L'installation de chacune de ces Stopelsteine coûte 95 euros. Une somme financée par des associations, des collectes, des dons et des opérations de mécénat ou tout simplement les communes concernées.
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