Conférence mondiale sur le climat : les divergences s'affichent à Bonn
A la veille du G7 de Bonn, une quarantaine de pays avaient annoncé leur engagement de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. Parmi les poids lourds : les Etats Unis, l’Union Européenne, le Canada, la Russie, et le Japon ont officialisé leurs contributions. D’autres gros pollueurs, comme la Chine, l’Inde, l’Australie, le Brésil manquent encore à l’appel.
Le prix Nobel d’économie Jean Tirole a critiqué dans Le Monde ces engagements volontaires non contraignants, qu’il sera difficile de comparer et de contrôler. L'économiste français s’est prononcé pour la fixation d’un prix mondial du carbone, seul à même, selon lui, à encourager les pollueurs à engager les efforts nécessaires.
Le débat est vif, un objectif commun de réduction (70% en 2050) «serait plus clair et plus concret que les 2° C de température» estime Laurence Tubiana responsable de la délégation française.
Les pays africains et le groupe des pays insulaires (menacés par la hausse du niveau de la mer) défendent une hausse globale des températures limitée à 1,5°.
A l'autre bout du spectre, l'Arabie Saoudite ou l'Australie tentent de ralentir toute sortie trop rapide du pétrole et du charbon.
Le débat fait rage à six mois du sommet climat début décembre à Paris. Le point sur les contributions :
· L’Union européenne montre clairement l’exemple. Elle s’est engagée à réduire d’au moins 40%, d’ici 2030, ses gaz à effet de serre (par rapport à 1990). L’UE qui représente 10% des émissions de CO2 au niveau mondial, est favorable à une baisse d'au moins 60% en 2050.
· Deuxième pollueur mondial derrière la Chine, les Etats-Unis viennent de s’engager à réduire de 26 à 28% leurs émissions d’ici 2025 (par rapport à 2005). Après avoir refusé le protocole de Kyoto et tout effort contraignant, l’engagement est honorable, mais peu ambitieux. La référence de 2005, n’a pas été choisie par hasard, elle correspond à un pic des émissions de gaz à effet de serre des USA.
· La Russie propose une réduction significative de 25 à 30% d’ici 2030. Mais pour atteindre cet objectif, Moscou mise sur ses forêts, qualifiées de «puits de carbone» censés stocker le CO2. La forêt russe représente le quart de la surface forestière mondiale, ce qui permet à la Russie de compenser ses émissions en hausse.
· Le Canada autre grand producteur de gaz et de schiste bitumineux, met la barre assez haute : il annonce vouloir réduire de 30% ces émissions en 2030 par rapport à 2005.
· Le Japon, moins allant depuis Fukushima, propose un plan de réduction de 26% de ses émissions entre 2013 et 2030.
· Alors que l’on attend avec une certaine impatience les annonces en provenance d’Asie et d’Amérique Latine, le Gabon et le Maroc sont à ce jour les seuls pays africains à avoir transmis leur plan d’action climatique.
C’est la première fois que les pays africains (qui représentent moins de 4% des émissions mondiales) participent activement aux négociations. Comme chacun des 190 membres de la convention climat de l’ONU, ils doivent élaborer leur feuille de route.«Ce que l'on va faire faire d'ici 2020 est fondamental pour les pays en développement" affirment Seyni Nafo, porte parole du Groupe Afrique.
· Le Maroc a annoncé le 3 juin 2015 une réduction d’au moins 13% de ses émissions, mais Rabat est prêt à une réduction additionnelle de 19%, à la faveur d'un appui international évalué à 35 milliards de dollars.
Ce soutien financier pourrait venir du Fonds vert pour le climat créé à la conférence de Copenhague. Ce fonds dispose actuellement de 10 milliards de dollars, mais il devra selon les accords pris, mobiliser 100 milliards de dollars par an à l’horizon 2020. Cette question fait partie des points clé de la négociation qui seront sur la table du G7 dimanche 7 juin à Bonn.
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