: Vidéo Bowie, Springsteen, Pink Floyd, Rostropovitch... Ces concerts qui ont fait trembler le mur de Berlin
De sa construction jusqu’à sa chute et même après, le mur de Berlin a été source d’inspiration pour les artistes. Certains d’entre eux ont même contribué à le faire tomber lors de concerts devenus mythiques.
S'il y a bien un artiste indissociable de l'histoire berlinoise, c'est David Bowie. Dès 1976, l'homme derrière Ziggy Stardust fuit Los Angeles, la célébrité et ses addictions, pour Berlin et ses studios Hansa. C'est là qu'il écrit son tube Heroes après avoir aperçu deux amoureux s'embrasser près du "mur de la honte". Titre qu'il reprendra dix ans plus tard, le 6 juin 1987, pour un concert à Berlin-Ouest, devant le parlement du Reichstag alors abandonné.
"Standing by the wall, And the guns shot above our heads , And we kissed as though nothing could fall, And the shame was on the other side" ("Debout près du mur, Et les revolvers tirant au dessus de nos têtes, Et nous nous embrassions comme si rien ne pouvait tomber, Et la honte était de l’autre côté"), chante-t-il. De l'autre côté du Mur justement, ce soir-là, des centaines de personnes écoutent le concert. Les hauts-parleurs ont volontairement été braqués vers l'Est. David Bowie a "aidé à faire tomber le mur", écrira même sur Twitter le ministère allemand des Affaires étrangères après la mort de l'artiste, le 11 janvier 2016.
Good-bye, David Bowie. You are now among #Heroes. Thank you for helping to bring down the #wall. https://t.co/soaOUWiyVl #RIPDavidBowie
— GermanForeignOffice (@GermanyDiplo) 11 janvier 2016
19 Juillet 1988, Bruce Springsteen ouvre une brèche
Après les concerts de David Bowie ou de Michael Jackson à l'Ouest, les dirigeants socialistes de l'Est cherchent un moyen de satisfaire une jeunesse avide de cette musique occidentale. Ils invitent Bruce Springsteen, premier artiste majeur à se produire en RDA. Pendant quatre heures, il électrise 300 000 personnes.
Avant d'interpréter un titre de Bob Dylan, il s'adresse en allemand à la foule : "Je ne suis pas ici pour soutenir un gouvernement ou un autre, dit-il. Je suis venu jouer du rock and roll pour les Berlinois de l'Est. J'espère qu'un jour toutes les barrières tomberont".
Pour Eric Kirschbaum, auteur du livre Rocking the Wall : The Berlin concert that changed the world, ce concert est même le plus important du 20e siècle. Bruce Springsteen aurait, selon lui, ravivé les braises du mécontentement au lieu d'assagir la jeunesse est-allemande.
11 novembre 1989, le récital improvisé de Rostropovitch
C'est l'image des livres d'histoire, celle qui a fait le tour du monde deux jours après la chute du mur. Ce jour-là, le violoncelliste russe Mistlav Rostropovitch s'assoit sur une chaise au pied d’un reste de mur et joue une sarabande de Bach.
En 1997, dans l'émission de France 2 Le cercle de minuit, le chef d'orchestre explique qu'il s'était alors rendu à Berlin "pour jouer dans cet endroit qui (l'avait) dérangé toute sa vie", lui qui avait été déchu de sa nationalité russe en 1978. Le mur représentait pour lui la "séparation" de ses deux vies. Lorsqu'il est tombé, il a retrouvé "la possibilité de regagner sa maison maternelle".
12 novembre 1989, des larmes et des ovations pour l'Orchestre philharmonique
Le lendemain de la performance de Rostropovitch, c'est l'Orchestre philarmonique de Berlin tout entier qui réserve un concert aux seuls citoyens de la RDA. Les papiers d'identité servent de tickets d'entrée et la file d'attente commence à cinq heures du matin devant la Philharmonie alors perdue dans le no man's land entre les deux Berlin.
Le concert est retransmis en direct à la télévision. Téléspectateurs, spectateurs présents dans la salle et musiciens, partagent un moment de communion rare. Comme le raconte Eric Schulz dans son documentaire disponible en replay sur Arte, ils sont alors nombreux à verser des larmes de joie au son notamment de la Symphonie n°7 de Beethoven. À la baguette, le chef d'orchestre argentin Daniel Barenboim qui n'a cessé par la suite d'oeuvrer pour la paix.
21 juillet 1990, Pink Floyd refait tomber "The Wall"
C'est le leader et bassiste des Pink Floyd, Roger Waters, qui revient sur la Potsdamer Platz, exactement là où se trouvait le mur, huit mois plus tôt.
Accompagné de groupes et chanteurs célèbres comme Scorpions, Van Morrison, Sinead O'Connor ou encore Cyndi Lauper et Joni Mitchell, Roger Waters livre une prestation monstre du célèbre album conceptuel "The Wall". Un mur qui est même reconstitué sur scène pour le refaire s'effondrer devant 350 000 personnes galvanisées. Roger Waters rejouera même ce concert à Berlin en 2013.
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