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"Ça fait trente ans qu’on voit la même affiche électorale" : en Allemagne, l'extrême droite en tête des sondages avant les régionales dans deux Länder

Deux régions allemandes votent dimanche 1er septembre pour élire leur parlement régional. L'Afd, parti d'extrême droite, espère enregistrer sa première victoire dans un scrutin important. 

Article rédigé par Ludovic Piedtenu - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Des militants de l'Afd en meeting à Brandebourg en Allemagne, en août 2019.  (PATRICK PLEUL / DPA-ZENTRALBILD)

Pour la première fois depuis la chute du Mur de Berlin, l'extrême droite allemande pourrait arriver dimanche 1er septembre en tête d'une élection importante. La Saxe et le Brandebourg, deux Länder en Allemagne, renouvellent leur parlement régional. Dans ces deux régions, l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) est donnée en tête. 

Dans le Brandebourg, des retraités contraints de faire des petits boulots 

"Bonjour les Français, il fait très beau ici dans le Spreewald", lance Wolfgang. L'homme a la soixantaine et il gère l’entrée d'un parking où affluent des cars et des voitures de touristes, dans cette région surnommée la Venise allemande. À part ça, il n’y a pas beaucoup de travail dans le coin, explique-t-il. "À part l’été, jusqu’en octobre, et puis après, il n’y a plus qu’à attendre l’année prochaine". 

Ce retraité, comme beaucoup d’autres, est obligé de compléter sa maigre pension par un petit boulot. Dans cette région, il y a besoin de bateliers pour promener les touristes sur les nombreux cours d’eau. Wilhelm peut compter sur quelques pourboires de la part de touristes. Dimanche, il ne sait pas encore à quel parti donner sa voix, ni même, comme un électeur sur deux, s’il ira voter. "L’économie est cassée ici et les jeunes partent", déplore l'homme.

Aujourd’hui il faut aller très loin pour trouver un emploi. Il n’y a plus rien ici, pas même le charbon, tout est parti

Wilhelm

à franceinfo

Dans le Land de Brandebourg, les hommes sont bateliers et les femmes vendent des gros cornichons, la fierté de la région. La plupart de ces femmes sont toutes retraitées, comme Dorothee. "La société vieillit, on va devenir quoi avec nos maigres pensions de retraite ? La pauvreté nous guette, c’est un très gros problème ici dans le Brandebourg. On subit encore cette grande différence entre l’Ouest et l’Est, ce n’est pas facile". Pour ces élections régionales, elle ne votera pas car elle juge que les partis ne font rien. Dans le Brandebourg, ce sont les sociaux-démocrates sortants qui risquent la déroute. Les électeurs de gauche leur préfèrent l’extrême-droite ou les Verts. 

Reportage dans le Brandebourg par Ludovic Piedtenu

En Saxe, l'extrême droite s'est installée dans les territoires 

À l'est de la Saxe, près de la frontière polonaise, le parti conservateur CDU a tenu un meeting avec barbecue. Depuis un village à 400 mètres d'altitude, on aperçoit la ville de Görlitz qui a accueilli le tournage du film Grand Budapest Hotel. Cette région de la Haute-Lusace est devenue un bastion de l’extrême-droite qui réalise désormais des scores plus importants que les conservateurs au pouvoir ici depuis 30 ans.  

"J’ai déjà voté deux fois pour l’AfD", explique Volker. Ce vendeur de voitures avoue une forme de lassitude envers la CDU et ne serait pas contre une alliance avec l'extrême droite en Saxe. "L’AfD apporte des réponses constructives aux problèmes", dit-il. À ses côtés, sa femme Anke acquiesce : "Ce que l’AfD a déjà mis sur la table est souvent très juste et il est important que tout le monde le sache". 

Les partis traditionnels, ils parlent, ils parlent… et ça fait trente ans qu’on voit la même affiche électorale

Volker

à franceinfo

Pour cette élection régionale, le couple hésite encore entre la CDU et l’AfD, Anke et Volker avouent des discussions parfois animées à la maison. Chacun décidera dans l’isoloir. 

Pour l’heure, ce couple préfère discuter dans ce jardin avec des voisins, tous d’accord entre eux. Aucun n’écoute, dans la salle, la supplique de Michael Kretschemer, le candidat de la CDU qui dirige depuis deux ans cette région de la Saxe. "Pour moi, il est important que cette élection du 1er septembre ne donne pas lieu à un vote de protestation contre Berlin ou contre Bruxelles". Dans cette campagne très courte en plein cœur de l’été, la CDU concurrencée par l’extrême-droite n’a pas cédé à la surenchère et s’est engagée à refuser toute alliance. 

Reportage en Saxe par Ludovic Piedtenu

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