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Après l'élection de Hollande, l'austérité à l'allemande perd des soutiens

François Hollande va devoir négocier rapidement avec les partenaires européens de la France et donner des gages aux marchés. Son premier défi : définir une politique de gestion de crise qui infléchit l’austérité voulue par Berlin.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Francois Hollande, lors d'une rencontre à Bruxelles avec le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, le 30 novembre 2011. (AFP PHOTO / FRED DUFOUR)

Le nouveau président français doit s’atteler à ce travail dans un climat de refus de la rigueur, exprimé dans les urnes en France (présidentielle) et en Grèce (législatives), le 6 mai. Un «virage français» promesse d'un «renversement de la politique européenne», comme l'a indiqué la presse grecque au lendemain des scrutins.

Quid du pacte budgétaire ?
Le socialiste François Hollande compte bien renégocier le pacte budgétaire, porté par son prédécesseur Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel.

Non pas que le nouveau président français conteste les économies prônées par le traité, mais plutôt qu’il estime nécessaire qu’elles s’accompagnent de mesures boostant la croissance.

Signé par 25 des 27 pays de l’Union européenne, le pacte est déjà ratifié par la Grèce, le Portugal et la Slovénie.

Merkel ne veut rien lâcher
Avis aux plus conservateurs des dirigeants européens : ils devront faire avec le président français qui veut porter l’espoir que l’austérité n’est plus «une fatalité». Et au premier chef, l’apôtre de la rigueur Angela Merkel, selon qui «le pacte budgétaire n'est pas négociable», sans quoi «la Grèce pourrait demander à (le) renégocier aussi».

Si ce pacte et son train de mesures d’économies reste le cheval de bataille de la chancelière allemande, elle accepterait une discussion sur un éventuel plan de soutien à la croissance à la seule condition qu'elle émerge de réformes structurelles. Comprendre : promouvoir la voie choisie par l'Allemagne et les réformes douloureuses du marché du travail.

 

Hollande défend une 3e voie, Merkel met des limites

AFP, le 7 mai 2012

 

Des alliances pour faire plier l’Allemagne
François Hollande va donc devoir compter sur ses alliés pour limiter le pouvoir de l’Allemagne dans la gestion de la crise.

Ils sont plusieurs à défendre des politiques de croissance et non plus uniquement d’austérité. Ainsi, le président du Conseil italien Mario Monti ou ses homologues socialistes belge, Elio di Rupo, et danoise, Helle Thorning-Schmidt, dont le pays assure pour six mois la présidence des 27.

En Irlande, où le pacte budgétaire doit être approuvé le 31 mai par référendum, Dublin plébiscite une «stratégie» de croissance. Tout comme le Luxembourg, par la voix de son Premier ministre Jean-Claude Juncker, qui précise toutefois que Paris ne peut pas renégocier le pacte budgétaire.

Certains ne prononcent pas le mot mais…
Ainsi, le Premier ministre britannique conservateur, David Cameron, dit espérer construire avec François Hollande «une relation très proche» ; son homologue de centre-droit portugais, Pedro Passos Coelho, a pour idée de travailler avec lui «tant sur le plan bilatéral que sur le plan européen», alors que le chef du gouvernement conservateur espagnol, Mariano Rajoy, juge que le pacte de croissance est «pleinement compatible» avec les politiques de rigueur.

En Pologne, les conservateurs jugent cette élection «bonne pour la Pologne, pour la France et pour l'Europe» et le chancelier socio-démocrate autrichien Werner Faymann évoque «une grande chance de prendre des décisions dans l'Union européenne qui ne soient pas seulement des mesures  d'économie, mais aussi de tirer les conséquences de la crise».

 

La chancelière allemande, le 7 mai 2012 à Berlin. Angela Merkel va devoir composer avec le nouveau président français, le socialiste François Hollande. (AFP PHOTO / JOHN MACDOUGALL)

 

Le temps presse et il faut faire vite
Egalement à la tête de l’Eurogroupe – réunion mensuelle des ministres des Finances des Etats membres de la zone euro –, Jean-Claude Juncker estime toutefois que cette question doit vite être réglée pour rassurer les marchés.

A la tête de la Banque centrale européenne, le très libéral Mario Draghi ne dit rien de plus que la nécessité de conjuguer croissance et discipline budgétaire.

Prochaine échéance, le Conseil européen les 28 et 29 juin. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, en est lui aussi persuadé : «Il faut investir dans la croissance et les grands réseaux d'infrastructure (...) tout en maintenant le cap de la consolidation budgétaire et de réduction de la dette.»

A noter : la Commission européenne travaille déjà depuis un bon moment sur le programme de François Hollande.

La croissance, une idée qui fait son chemin dans une Europe grippée par la crise, mais qui risque d'isoler Angela Merkel.

Maintenant, François Hollande doit convaincre de son sérieux, lui qui s’est engagé à ramener le déficit public sous les 3% dès 2013…

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