Cet article date de plus de huit ans.
Allemagne : quelles réactions aux attentats commis dans le pays?
Cinq attentats en moins de deux semaines. En Allemagne, la sécurité est devenue l’une des premières préoccupations de la population. Et une partie de la classe politique allemande veut mettre un terme à l’accueil des réfugiés dans le pays.
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«On se demandait quand ça allait exploser. Des attentats avaient déjà été déjoués et le ministre de l’intérieur avait prévenu que le pays était menacé. Les gens étaient préparés», observe Julien Mechaussie, journaliste indépendant basé à Berlin.
«Nous ne devons pas faire l’erreur fatal de porter un soupçon généralisé contre les réfugiés. La sécurité absolue n’existe pas.» Ces propos du ministre allemand de l’intérieur, Thomas de Maizière, au journal Der Taggesspiegel, révèlent un malaise bien existant : faut-il avoir peur des réfugiés ?
Sur les cinq attentats perpétrés sur le sol allemand, au moins trois sont l’œuvre de réfugiés. Deux ont été revendiqués par le groupe Etat islamique. De quoi alimenter la polémique concernant l’accueil des migrants.
En 2015, l’Allemagne en a accueilli plus d’un million – principalement de Syrie ou de pays en guerre. Cette politique initiée par la chancelière, Angela Merkel, est fortement critiquée par une partie de classe politique allemande, jusqu’au sein même de son parti.
Le choc de Cologne
La nuit du 31 décembre 2015 a marqué un tournant dans cette politique. Quelque 1200 femmes ont été agressées par des étrangers durant la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne et dans d’autres villes du pays. Pourtant, parmi les agresseurs, peu venaient de Syrie ou d’Afghanistan, pays dont les ressortissants peuvent prétendre à l’asile.
Un récent rapport de police fait état de 2 000 agresseurs, majoritairement originaires d’Afrique du Nord et présents en Allemagne depuis moins d’un an.
Face à cette onde de choc, Angela Merkel envisageait déjà à cette époque un durcissement de la politique migratoire : «si le nombre [de réfugiés] ne baisse pas d’ici l’été, nous aurons un problème».
Désormais, la polémique s'est déplacée, selon Julien Mechaussie : «Elle se concentre sur les centres de réfugiés. Par exemple, pour celui qui s’est fait exploser à Ansbach, on a retrouvé des explosifs dans sa chambre. Mais pour l'instant, il n'y a pas de campagne anti-réfugiés, y compris dans les tabloïds comme La Bild. En revanche, sur les réseaux sociaux, c'est un déluge de haine.»
«Le cauchemar de Merkel»
Beaucoup annonçaient que la politique d’accueil des réfugiés allait fragiliser la chancelière allemande. Pourtant, sa cote de popularité ne faiblit pas. Elle est même en hausse.
Selon un sondage pour la chaine ARD, Angela Merkel recueille 59 % d’intentions positives, soit 10 points de plus qu’en février 2016. Un score à faire pâlir d’envie les dirigeants français. Mais cette étude ne tient pas compte des derniers attentats. Et personne ne peut encore prédire quelles en seront les conséquences …
L'extrême droite en embuscade
Car même au sein de son parti, Angela Merkel se voit contester. Par exemple, le très conservateur Maximilian Krah, responsable de la CDU en Saxe, en profite déjà pour dénoncer une politique qu’il n’a jamais soutenu. Selon lui, les attentats doivent «être le point de rupture, la culture d’accueil est mortifère» disait-il au journal Die Zeit.
Mais pour Julien Mechaussie, un tel commentaire ne reflette pas la plupart des réactions politiques. «Contrairement à la France, elles sont pour l'instant mesurées. Tout comme il n'y a pas de polémiques sur la sécurité comme après le drame de Nice. Ici, les forces de police sont applaudies.»
L'extrême droite tente de s'immiscer dans ce débat. La présidente du parti d’extrême droite allemande, AfD (Alternative pour l’Allemagne), tweetait après les attentats :
«CDU-Tauber : "Nous allons réussir" est devenu une réalité. Pour cela, l'Allemagne paie le prix fort.»
Dans ce tweet, elle cite le député Peter Tauber, secrétaire général de la CDU. Et en profite pour se moquer de la fameuse phrase prononcée par la chancelière allemande «Wir Schaffen das», «Nous allons réussir» qui renvoit au défi sur l'accueil des réfugiés. Une aubaine pour l'AfD, ce jeune parti créé en 2012 qui compte déjà sept députés au Parlement européen et est présent dans huit des 16 parlements régionaux que compte le pays.
Mais pour l’instant, les sondages ne semblent pas lui donner raison. Dans une enquête paru le 26 juillet 2016, à la question «Si les élections législatives avaient lieu demain, pour qui voteriez-vous ?», ils ne sont que 12 % des sondés à vouloir voter pour ce parti. Soit un score inférieur à ceux des deux mois précédents.
«Nous ne devons pas faire l’erreur fatal de porter un soupçon généralisé contre les réfugiés. La sécurité absolue n’existe pas.» Ces propos du ministre allemand de l’intérieur, Thomas de Maizière, au journal Der Taggesspiegel, révèlent un malaise bien existant : faut-il avoir peur des réfugiés ?
Sur les cinq attentats perpétrés sur le sol allemand, au moins trois sont l’œuvre de réfugiés. Deux ont été revendiqués par le groupe Etat islamique. De quoi alimenter la polémique concernant l’accueil des migrants.
En 2015, l’Allemagne en a accueilli plus d’un million – principalement de Syrie ou de pays en guerre. Cette politique initiée par la chancelière, Angela Merkel, est fortement critiquée par une partie de classe politique allemande, jusqu’au sein même de son parti.
Le choc de Cologne
La nuit du 31 décembre 2015 a marqué un tournant dans cette politique. Quelque 1200 femmes ont été agressées par des étrangers durant la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne et dans d’autres villes du pays. Pourtant, parmi les agresseurs, peu venaient de Syrie ou d’Afghanistan, pays dont les ressortissants peuvent prétendre à l’asile.
Un récent rapport de police fait état de 2 000 agresseurs, majoritairement originaires d’Afrique du Nord et présents en Allemagne depuis moins d’un an.
Face à cette onde de choc, Angela Merkel envisageait déjà à cette époque un durcissement de la politique migratoire : «si le nombre [de réfugiés] ne baisse pas d’ici l’été, nous aurons un problème».
Désormais, la polémique s'est déplacée, selon Julien Mechaussie : «Elle se concentre sur les centres de réfugiés. Par exemple, pour celui qui s’est fait exploser à Ansbach, on a retrouvé des explosifs dans sa chambre. Mais pour l'instant, il n'y a pas de campagne anti-réfugiés, y compris dans les tabloïds comme La Bild. En revanche, sur les réseaux sociaux, c'est un déluge de haine.»
«Le cauchemar de Merkel»
Beaucoup annonçaient que la politique d’accueil des réfugiés allait fragiliser la chancelière allemande. Pourtant, sa cote de popularité ne faiblit pas. Elle est même en hausse.
Selon un sondage pour la chaine ARD, Angela Merkel recueille 59 % d’intentions positives, soit 10 points de plus qu’en février 2016. Un score à faire pâlir d’envie les dirigeants français. Mais cette étude ne tient pas compte des derniers attentats. Et personne ne peut encore prédire quelles en seront les conséquences …
L'extrême droite en embuscade
Car même au sein de son parti, Angela Merkel se voit contester. Par exemple, le très conservateur Maximilian Krah, responsable de la CDU en Saxe, en profite déjà pour dénoncer une politique qu’il n’a jamais soutenu. Selon lui, les attentats doivent «être le point de rupture, la culture d’accueil est mortifère» disait-il au journal Die Zeit.
Mais pour Julien Mechaussie, un tel commentaire ne reflette pas la plupart des réactions politiques. «Contrairement à la France, elles sont pour l'instant mesurées. Tout comme il n'y a pas de polémiques sur la sécurité comme après le drame de Nice. Ici, les forces de police sont applaudies.»
L'extrême droite tente de s'immiscer dans ce débat. La présidente du parti d’extrême droite allemande, AfD (Alternative pour l’Allemagne), tweetait après les attentats :
CDU-Tauber: "Wir schaffen das" sei wahr geworden.
— Frauke Petry (@FraukePetry) 25 juillet 2016
Dafür zahlt Deutschland einen hohen Preis.#Ansbach #AfD #CDU *https://t.co/f3dVr9XOAr
Dans ce tweet, elle cite le député Peter Tauber, secrétaire général de la CDU. Et en profite pour se moquer de la fameuse phrase prononcée par la chancelière allemande «Wir Schaffen das», «Nous allons réussir» qui renvoit au défi sur l'accueil des réfugiés. Une aubaine pour l'AfD, ce jeune parti créé en 2012 qui compte déjà sept députés au Parlement européen et est présent dans huit des 16 parlements régionaux que compte le pays.
Mais pour l’instant, les sondages ne semblent pas lui donner raison. Dans une enquête paru le 26 juillet 2016, à la question «Si les élections législatives avaient lieu demain, pour qui voteriez-vous ?», ils ne sont que 12 % des sondés à vouloir voter pour ce parti. Soit un score inférieur à ceux des deux mois précédents.
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