Cet article date de plus de huit ans.
Allemagne : la Fraction armée rouge («bande à Baader») refait parler d'elle
Des membres supposés de la «Fraction armée rouge» (en allemand : Rote Armee Fraktion, RAF), sont peut-être de retour : ils auraient attaqué deux fourgons blindés en 2015. Non pour financer des activités politiques. Mais plutôt pour vivre décemment dans la clandestinité. Le groupe autodissout, qui prônait la «lutte armée», est responsable de la mort d’une trentaine de personnes entre 1971 et 1991.
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 3min
«La caisse de retraite de la ‘‘Fraction armée rouge’’ est vide», titrait ironiquement le Tagespiegel le 19 janvier 2016. Le journal extrapolait ainsi les propos du parquet de Verden après que furent rendus publics les résultats des analyses d’ADN retrouvés à la suite de l’attaque d’un fourgon blindé à Suhr, dans la banlieue de Brême (nord), le 6 juin 2015.
Ces analyses ont prouvé la présence sur les lieux de trois membres présumés de l’organisation autodissoute RAF : Daniela Klette, 57 ans, Ernst-Volker Wilhem Staub, 61 ans, et Burkhard Garweg, 47 ans. Lesquels sont recherchés depuis… une vingtaine d’années.
Ce braquage devait probablement servir au «financement de la vie en clandestinité», a expliqué le parquet régional, cité par le Tagesspiegel. Les suspects sont ainsi peut-être sans le sou après un premier braquage qui leur avait rapporté plus d'un million de marks (500.000 euros) en 1999, selon la même source. Ils aiment apparemment ce mode opératoire : les enquêteurs soupçonnent aussi un lien avec un autre braquage survenu le 28 décembre 2015 à Wolfsburg (ouest), également infructueux. Pour cette attaque, les analyses ADN sont toujours en cours.
Même s’ils n’ont apparemment pas tué, les trois fugitifs ont un curriculum chargé. Ils sont notamment soupçonnés d'un attentat à la bombe commis le 27 mars 1993 contre le centre de détention en construction de Weiterstadt. L’opération avait occasionné 123 millions de marks de dégâts (62 millions d'euros), selon le parquet fédéral, compétent en matière de terrorisme. Mais elle avait échoué en raison d’un détonateur défaillant, alors que trois agents de sécurité se trouvaient à portée des explosifs, précise le parquet fédéral.
Daniela Klette est également recherchée pour un attentat à la voiture piégée contre un bâtiment de la Deutsche Bank à Eschborn (ouest), le 25 février 1990. Elle l'est encore pour une attaque à l'arme automatique contre l'ambassade américaine le 13 février 1991 à Bonn, alors capitale de l’Allemagne de l’Ouest. Les enquêteurs avaient relevé 65 impacts de balles sur la façade du bâtiment diplomatique, dans laquelle se trouvaient «au moins dix personnes». Ils avaient évalué à «au moins 250» le nombre de projectiles tirés par les assaillants.
«Guérilla urbaine»
Bref, Daniela Klette, Ernst-Volker Wilhem Staub et Burkhard Garweg sont tout sauf des enfants de cœur. Ils appartiennent à la «troisième génération» de la RAF, appelée parfois en France la «bande à Baader» (par analogie à la «bande à Bonnot»), explique le parquet fédéral. Ils sont ainsi les successeurs des créateurs de la Fraction armée rouge, Andreas Baader et Ulrike Meinhof, arrêtés dans les années 1970.
Le groupe est issu de la frange radicale du mouvement étudiant de 1968. Il prônait une «guérilla urbaine» visant notamment le gouvernement et des responsables économiques. Entre 1970 et 1991, 34 décès lui ont été imputés. En 1977, ses membres avait enlevé et assassiné Hanns Martin Schleyer, «patron des patrons» allemand. La RAF avait abandonné la «lutte armée» en 1992. Avant de s’autodissoudre en 1998.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.