Allemagne : les trains paralysés à Mayence cause des vacances des aiguilleurs

Mayence, une des 16 capitales
régionales allemandes, est une gare presque fantôme. Dans cette ville de 200.000
habitants, les trains passent en nombre réduit cet été. En cause ? Les congés
et arrêts maladie d'une poignée d'aiguilleurs qui perturbent le trafic
ferroviaire de toute la région de Rhénanie-Palatinat. Cette situation s'est
invitée depuis quelques jours dans la campagne électorale allemande et suscite
des réactions chez les candidats aux législatives du 22 septembre prochain.

"C'est une humiliation
sur la scène internationale" Rainer
Brüderle, candidat libéral (FDP) à la chancellerie

Depuis la semaine
dernière la gare de Mayence n'est presque plus desservie la nuit et dans la
journée, le trafic régional est considérablement réduit. Le centre d'aiguillage
compte en temps normal, 15 salariés, mais la moitié est actuellement en
vacances ou en arrêts maladie.

Ces absences suffisent à
désorganiser tout le trafic de la région, y compris celui des trains grande
ligne ICE, "une humiliation sur la scène internationale " a estimé Rainer Brüderle, candidat libéral (FDP) à la chancellerie.

La compagnie ferroviaire publique Deutsche Bahn a d'abord parlé d'un problème très localisé, avant de reconnaître undi que la situation était "tendue " dans tout le pays, notamment à cause d'un manque patent de personnel d'aiguillage.

La question de la privatisation

Au début des années 1990, le
gouvernement avait décidé de mettre la compagnie ferroviaire publique en Bourse. A l'époque,
le patron de Deutsche Bahn, Hartmut Mehdorn, avait pour mission de rendre l'entreprise attractive
pour des investisseurs potentiels. Résultat : entre 1999 et 2009, Deutsche Bahn a doublé son chiffre d'affaires en
fermant notamment les lignes les moins rentables et en s'exportant à l'international.
La compagnie n'est finalement pas entrée en Bourse et l'idée a été enterrée en
2011.

Pour le candidat social-démocrate à la chancellerie,
Peer Steinbrück, la crise de cet été à Mayence est une conséquence directe de
ces choix. Deutsche Bahn a "manifestement économisé à mauvais escient ", a-t-il estimé. Une
opinion partagée par le syndicat des cheminots EVG et par le Berliner Zeitung
(centre-gauche), qui écrit : "Le chaos de  Mayence est l'une des
conséquences de la politique d'austérité stricte imposée par Hartmut Mehdorn
(PDG jusqu'en 2009) pour préparer le groupe à l'entrée en Bourse ".

Le responsable FDP
Brüderle, qui espère reconduire sa coalition avec les conservateurs de Mme
Merkel, fait le diagnostic exactement inverse.

Le PDG de Deutsche Bahne est quant à lui rentré de vacances en
catastrophe et rencontre les syndicats ce mercredi. Des améliorations sont
promises pour la semaine prochaine.