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Allemagne : la "police de la charia" déchaîne la polémique

La mise en place, dans la ville de Wuppertal, d'une "police de la charia" par un groupe salafiste provoque de très nombreuses réactions, notamment celle d'Angela Merkel, depuis plusieurs jours en Allemagne. Les autorités s'insurgent que ces patrouilles des bonnes moeurs islamistes se substituent de fait aux forces de l'ordre.
Article rédigé par Yann Bertrand
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Les membres de la "police de la charia" postent des photos sur les réseaux sociaux © Capture d'écran YouTube)

Une poignée d'hommes, vêtus de gilets orange portant la mention "Shariah Police" ("police de la charia"), patrouillant dans les rues de la ville allemande de Wuppertal, dans la Ruhr. Dans une vidéo publiée la semaine dernière sur YouTube, Sven Lau, salafiste converti, affirmait être à l'origine de l'opération. Le but ? Rappeler les passants au respect de la loi islamique, notamment devant les discothèques où musique et alcool sont rois.

Aperçue plusieurs fois en quelques jours, cette patrouille est loin de faire l'unanimité. Malgré tout, la loi allemande ne punit pas leurs agissements ; ses membres risquent tout au plus une plainte pour perturbation de l'ordre public. Ce qui n'a pas empêché les médias, puis les autorités allemandes, de multiplier les condamnations.

Le durcissement des textes évoqué

Premier à réagir, le week-end dernier dans le très populaire quotidien Bild , Thomas de Maizière, ministre de l'Intérieur allemand, affirmait : "La charia ne sera pas tolérée sur le sol allemand. Personne ne peut s'arroger le droit d'abuser du nom de la police allemande ". Son collègue à la Justice, Heiko Maas, dans le même journal : "Nous ne tolérerons pas une justice parallèle illégale ".

L'indignation est montée jusqu'au plus haut sommet de l'État. La chancelière Angela Merkel est montée au créneau sur la chaîne Sat1 : "L'État dispose du monopole de la violence légitime. Personne d'autre n'est autorisé à se substituer à la police ". Elle a promis de discuter, au sein de son parti, la CDU, du renforcement des textes de loi punissant la propagande islamiste. D'après de récentes études, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie est l'un des principaux centres de propagande du mouvement salafiste allemand. Un groupe radical qui tente désormais d'apaiser la polémique, promettant que la "police de la charia" ne se montrerait plus dans les rues de Wuupertal.

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