Accord France-Russie pour deux navires de guerre type Mistral
Que l'annonce soit officialisée aujourd'hui, 24 décembre, jour de noël, tient sans doute plus à la communication politique qu'au hasard du calendrier. Dans son communiqué officiel, l'Elysée ne se prive d'ailleurs pas de montrer ce qu'il apporte dans sa hotte : “la construction des BPC pour la Russie représentera pour les industriels français DCNS et STX l'équivalent de 5 millions d'heures de travail ou 1.000 personnes pendant quatre ans, en majorité à Saint-Nazaire”.
_ Les ex-chantiers de l'Atlantique, un des fleurons de l'industrie française, mais un fleuron fragile, perpétuellement menacé de sombrer, y verront en effet une bouffée d'air. Même si sans doute, ils auraient préféré décrocher un contrat portant sur des paquebots de luxe, bien plus rentables que de spartiates bâtiments militaires. C'est en tout cas la conclusion heureuse d'un dossier à rebondissements.
Le contrat dressé entre la France et la Russie porte donc sur la construction de deux navires de type Mistral, plus exactement dénommés “bâtiments de projection et de commandement”. Il pourra être “prolongé” par deux autres, optionnels. Ces unités sont les plus grandes de la marine française, après le porte-avions Charles-de-Gaulle. Ils sont polyvalents, mais occupent surtout la fonction de porte-hélicoptères. Il peut aussi emporter des chars, devenir un navire-hôpital, ou accueillir un état-major. Le coût unitaire est de 500 millions d'euros.
La construction sera en fait réalisée en commun, dans le cadre d'un consortium franco-russe, entre les chantiers français DCNS et STX d'une part, et le russe OSK d'autre part. Pour certains syndicats chez STX et à la DCNS, la mise en commun va même un peu trop loin. Nicolas Sarkozy avait promis au cours d'une visite à Saint-Nazaire en juillet qu'il n'y aurait pas de transfert de technologies. Mais les Russes ne l'ont jamais entendu de cette oreille. Et le Premier ministre, Vladimir Poutine, a su se montrer persuasif face à son homologue français, François Fillon. Au cours de sa visite à Moscou début décembre, ce dernier a affirmé que “la question du transfert d'un certain nombre de technologies ne pose pas de problème” entre Paris et Moscou.
_ La CFDT en particulier, craint que cette transmission de savoirs-faire risque de créer à l'avenir un concurrent à l'export pour la France.
Les syndicats français ne sont pas les seuls à émettre quelques bémols dans ce concert de satisfaction franco-russe. C'est la première fois qu'un pays occidental, membre de l'Otan, vend des équipements militaires aussi importants à la Russie. Ce tournant est vu d'un mauvais œil par les alliés des Occidentaux au sein de l'ex-empire soviétique. Les pays baltes et la Georgie tout particulièrement. Un succès économique qui risque donc de réclamer une séance de gymnastique diplomatique. Mais l'Elysée et le Quai d'Orsay sont à ce jeu des compétiteurs chevronnés.
Grégoire Lecalot, avec agences
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