Tests de résistance européens : les grandes banques françaises passent sans encombre leur évaluation
Parmi les treize établissements évalués en France, seule la Caisse de refinancement de l'habitat (CRH) ne respectait pas les niveaux de solvabilité requis.
C'était un examen sans précédent. Les grandes banques françaises ont passé sans encombre l'évaluation européenne du secteur, prélude à la prise en charge de leur supervision par la Banque centrale européenne (BCE) le 4 novembre, selon les résultats divulgués dimanche 26 octobre. Parmi les treize établissements évalués en France, seule la Caisse de refinancement de l'habitat (CRH) ne respectait pas les niveaux de solvabilité requis.
Au niveau de la zone euro, 130 banques ont été concernées par cette opération. Elle comportait un examen des actifs possédés par ces établissements au 31 décembre 2013 - date d'arrêté annuel des comptes - puis des tests de résistance, c'est-à-dire des exercices de simulation destinés à éprouver leur solidité en cas par exemple de récession et de crise financière doublée d'une chute des prix de l'immobilier. Menée dans le plus grand secret, cette opération baptisée "Comprehensive Assessment", qui a mobilisé 6 000 personnes, visait à connaître aussi précisément que possible la situation financière des banques, avant que la BCE n'endosse le 4 novembre le rôle de superviseur bancaire européen. Voici ce qu'il faut retenir des résultats de ces tests de résistance.
Satisfecit pour les banques françaises
En France, les banques examinées, outre la CRH, étaient la Banque centrale de Compensation, Banque PSA Finance, BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole, Crédit Mutuel, HSBC France, la Banque Postale, la banque publique d'investissement bpifrance, RCI Banque (filiale de Renault), la Société de financement local et Société Générale. Fin 2013, le ratio de fonds propres "dur" (fonds propres mis en réserve rapportés aux crédits consentis) consolidé de ces 13 banques, qui pèsent 96,4% des actifs du système bancaire français, atteignait 11,49%. La réévaluation de leurs actifs a conduit à une correction très modérée, qui a fait passer ce ratio à 11,31%, soit un niveau très supérieur au minimum de 8% exigé par la BCE.
Le scénario adverse, c'est-à-dire le plus difficile, des tests de résistance, qui comportait notamment une augmentation du taux de chômage et une forte baisse de 30% des prix de l'immobilier, a pour sa part un effet plus important sur ce ratio, qui passerait à 9% fin 2016 si les hypothèses retenues se matérialisaient. Mais, là encore, les banques françaises s'en sortent haut la main, puisque le minimum requis à cette échéance était situé à 5,5%. Par exemple, BNP Paribas afficherait un ratio de 8,07%, BPCE 7%, Crédit Agricole 8,83%, Crédit Mutuel 12,91% et Société Générale 8,15%.
Si une banque échouait à cet examen, elle devait présenter un plan de recapitalisation afin que sa solidité financière atteigne les niveaux fixés. En l'occurrence, dans le cas de la Caisse de refinancement de l'habitat, spécialiste du refinancement de prêts immobiliers, celle-ci a déjà levé cette année les fonds nécessaires pour atteindre cet objectif. Ainsi, alors qu'apparaissait un manque estimé à 129,4 millions d'euros, la CRH a déjà levé 250 millions d'euros en 2014, ce qui a fait passer son ratio à plus de 9%.
Parmi les treize banques évaluées en France, dix vont désormais passer sous la supervision directe de la BCE, dans le cadre du Mécanisme de supervision unique, dirigé par la Française Danièle Nouy.
25 banques échoué ont aux tests
Au total, la BCE a annoncé que 25 banques de la zone euro sur 130 ont échoué à l'examen sans précédent du secteur, évaluant leur besoin en capital à quelque 25 milliards d'euros. Parmi les banques concernées, l'institution monétaire de Francfort a notamment recensé 9 italiennes, 3 grecques, 3 chypriotes, mais également l'allemande Münchener Hypothekenbank. Douze des 25 banques qui ont échoué ont déjà comblé leurs besoins de capital en levant environ 15 milliards d'euros en 2014, souligne la BCE. Les autres ont désormais deux semaines pour présenter aux autorités bancaires européennes leurs mesures pour combler ces besoins et auront entre six et neuf mois pour mener à bien ces plans.
En outre, un certain nombre de banques soumises à cet audit vont devoir réévaluer leurs actifs, à hauteur de 48 milliards d'euros au total, dont 37 milliards ne donnant lieu à aucun besoin de capital supplémentaire, a précisé dans un communiqué la Banque centrale européenne.
Par ailleurs, la BCE a identifié quelque 136 milliards d'euros d'actifs à risques, portant le montant total de ces actifs détenus par les banques de la zone euro à 879 milliards d'euros.
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