Etats-Unis : le pape François et Barack Obama sur la même longueur d'ondes
Quand il était un évêque argentin, le pape François n’a jamais mis les pieds aux États-Unis. Il voulait marquer cette dimension symbolique de pont entre les deux Amériques.
Des migrants Latino-Américains exaltés
Sa première idée d’ailleurs était de venir du Mexique, en passant à pied cette frontière comme un migrant. On lui a expliqué que ce n’était pas possible, mais cette question de l’immigration sera centrale dans sa visite. Ne serait-ce que parce que près de la moitié des 68 millions de catholiques américains sont hispaniques et qu’ils attendent leur pape avec une grande ferveur comme Alexander, un Salvadorien, qui vit dans la capitale américaine. "C'est un frère. Je le sens très proche de nous. Le pape François dit ce qu'il a à dire comme s'il était en face de vous".
Alexander est en Amérique depuis 9 ans, il travaille dans la restauration, et il n’a pas de papiers. Il n’est jamais retourné dans son pays voir sa famille par peur de ne pas pouvoir rentrer à nouveau aux États-Unis. Le pape François, il le verra ce soir, il pourra assister à la messe donnée à Washington.
"En tant qu'église nous accueillons tout le monde, nous ne vérifions pas les papiers" Père Villalta
D’autres immigrants clandestins auront droit à une entrevue avec le pape. Il rencontrera notamment des jeunes arrivés l’été dernier, cette vague qui a suscité une controverse majeure aux Etats-Unis. Pour le père Villalta, qui officie dans la plus grande église latino de Washington, il s’agit d’un acte majeur. "C'est un geste essentiel parce que c'est le geste d'un pasteur, un être humain proche des soucis d'un autre être humain. J'espère qu'il parlera de la nécessité d'accueillir les migrants dans ce pays" .
Le discours du pape : en plein coeur de la politique américaine
Le pape François s’invite dans le débat politique américain. Même s’il dit avant d’arriver qu’il n’est ni de droite ni de gauche, et cela ne plaira pas aux Républicains du Congrès, qui l’ont invité à prononcer un discours demain. L’accueil sera chaleureux, il faut s’attendre à une ovation mais, pour certains élus, la pilule sera amère. Il ne faut pas oublier qu’en ce moment, dans la campagne républicaine pour la présidentielle, le débat porte surtout sur la hauteur du mur à la frontière avec le Mexique.
Celui qui peut se féliciter en revanche de cette visite du pape, c’est Barack Obama. On l’a vu lors de la rencontre entre les deux hommes au Vatican, il y a une proximité personnelle entre les deux hommes. Et pour Kenneth Weinstein, de l’Hudson Institute, il y a aussi des intérêts partagés un peu comme entre Ronald Reagan et Jean-Paul II du temps du communisme. "Entre le pape François et le président Obama on voit un accord politique sur la lutte contre l'inégalité, le changement climatique…"
Obama qui est d’ailleurs mardi soir allé accueillir le pape François en famille à l’aéroport ; ce n’est pas le protocole habituel. Et leur rencontre tout à l’heure à la Maison-Blanche sera la première dans l’agenda du pape.
L'oeil critique de François
Au-delà des complicités personnelles, le pape vient aussi un peu faire la leçon à une Amérique matérialiste et inégalitaire. C’est la moindre des choses que le plus haut dignitaire de l’église catholique soit le porte-parole des déshérités. Mais avec le pape François, il y a la dimension supplémentaire du Sud-Américain qui a toujours eu un regard critique sur le modèle incarné par les États-Unis.
Donc, il y a de quoi tendre un miroir peu glorieux aux Américains. Et le pape ne se privera pas explique Brett Engelking un Franciscain très engagé sur le terrain social. "Il y a plus de milliardaires aux Etats-Unis que n'importe où ailleurs. Et il y a une grande pauvreté et personne ne fait le lien. Le pape peut appeler à la conscience collective plus que n'importe quel politicien ne peut le faire".
Et là aussi, l’engagement du pape François passera par des discours et par des actes. A New-York notamment, il rencontrera des salariés précaires du secteur automobile qui touchent souvent moins de dix dollars de l’heure et doivent avoir plusieurs emplois pour survivre.
Vous le voyez, à Washington, à New York, à Philadelphie aussi où il verra des prisonniers, le pape sera avec les laissé-pour-compte de l’Amérique. Et cette voix, espère-t-il, ne sera pas oubliée dans la longue campagne électorale que vit le pays jusqu’à l’automne 2016.
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