Etats-Unis-Iran : le "grand satan" et "l'axe du mal" discutent
Il y eut d'abord une poignée de mains, puis une invitation à discuter et finalement un tête-à-tête d'une demi-heure pour aboutir, jeudi, au contact de plus haut niveau entre les Etats-Unis et l'Iran depuis plus de 30 ans. Cette discussion de 30 minutes entre le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, et le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, est une première depuis la révolution islamique de 1979 et la prise d'otages à l'ambassade américaine à Téhéran.
La rencontre est intervenue après une réunion aux Nations unies entre ce dernier et ses homologues des six pays engagés dans les négociations sur le programme nucléaire iranien. Depuis plusieurs années déjà, les occidentaux soupçonnent l'Iran de chercher à se doter de la bombe atomique sous couvert de son programme nucléaire, ce que Téhéran dément, affirmant que ses recherches ne visent qu'à maîtriser les usages civils de l'atome.
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Au début de cette réunion entre le groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Chine, Russie, Royaume Uni + Allemagne) et l'Iran, John Kerry et Mohammad Javad Zarif se sont serré la main, a rapporté un responsable américain. Les deux hommes se sont ensuite retrouvés assis l'un à côté de l'autre autour de la table des discussions, en forme de U. A la fin de ces pourparlers, John Kerry a saisi l'occasion d'inviter le ministre iranien à un dialogue en privé, a poursuivi ce même responsable américain ayant requis l'anonymat.
"Le secrétaire d'Etat s'est penché et a dit 'Si nous discutions un moment?'", a rapporté ce responsable. Les deux hommes se sont alors isolés avec leurs équipes dans une pièce adjacente à la grande salle de réunion. "Il se disait de manière informelle que cela pourrait se produire ", a commenté le responsable américain.
"Il reste du travail à faire"
"Nous avons eu une réunion très constructive ", a déclaré John Kerry à des journalistes après cette rencontre lors de laquelle les deux hommes étaient assis côte-à-côte témoignant de la volonté des deux parties de mettre de côté, provisoirement du moins, leurs tensions.
Il a toutefois ajouté: "inutile de dire qu'une réunion et un changement de ton, qui furent les bienvenus, ne suffisent pas à répondre à toutes les questions et qu'il reste encore du travail à faire ."
Propos identiques du côté de Javad Zarif, diplomate qui a fait une partie de ses études aux Etats-Unis: "Cette première étape est satisfaisante. A présent, nous devons voir comment nous pouvons traduire ces mots en action afin d'avancer ", a-t-il déclaré.
Quelques jours plus tôt, sur Twitter, il avait tenu des propos similaires parlant de la "nouvelle approche iranienne " sur le nucléaire.
Mais le fait qu'il n'ait pas été possible d'organiser une poignée de main entre le chef d'Etat américain, Barack Obama, et son homologue iranien, Hassan Rohani, montre que beaucoup de chemin devra encore être parcouru avant de parvenir à une normalisation des relations.
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