En Espagne, auprès des forçats de la tomate
D'où viennent les tomates que l'on mange l'hiver, et dans quelles conditions sont-elles produites ? Les équipes de France Télévisions se sont rendues dans la province d'Almeria, en Espagne, auprès des travailleurs immigrés.
À moins de deux euros le kilo en grandes surfaces ou sur les étals des marchés, la tomate espagnole s'est imposée pendant les mois d'hiver. Les équipes de France Télévisions se sont rendues à Almeria, en Andalousie (Espagne). Ici, les tomates sont cultivées sous serre et expédiées dans tous les pays d'Europe. Dans l'entrepôt, impossible de filmer. Les journalistes "aiment dire que les immigrés, les ouvriers, sont mal traités", explique un contremaître. Car si l'Espagne exporte ses légumes en Europe, elle importe sa main-d'œuvre d'Afrique.
Salaires dérisoires, pression sur les ouvriers
Samir est arrivé du Maroc à 17 ans. Il ouvre aux journalistes de France Télévisions les portes de l'exploitation de son patron. Sans papiers, le jeune homme est payé 35 euros par jour, pour sept heures de travail, et a droit à un logement avec l'eau courante. D'autres sont encore plus mal lotis : près des serres, un bidonville est habité par des ouvriers venus d'Afrique subsaharienne. L'un d'eux affirme gagner seulement 25 euros par jour, la moitié du salaire minimum légal en Espagne.
Le syndicat andalou des travailleurs tente de défendre leurs droits. Ses membres interpellent, en présence des journalistes de France Télévisions, les ouvriers agricoles qui se rendent au travail. Pas facile de se faire entendre : Mahfoudh Boussanna, qui a réclamé une hausse de salaire, a été licencié. "[Je me sens] mal. Je n'ai pas d'autre sentiment. Mal, mal, mal, très mal." Les travailleurs préfèrent se taire et vivre dans l'espoir d'obtenir un jour des papiers. Ils sont 145 000 à vivre dans la province d'Almeria, soit 20% de la population.
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