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Référendum catalan : la victoire du oui serait un "précédent problématique" pour l'Europe

Selon l'enseignant-chercheur à Sciences Po Paris, Maxime Forest, il y a "une vraie radicalité dans le projet séparatiste".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Photo d'illustration du référendum pour l'independance de la Catalogne.  (MAXPPP)

Le gouvernement de Madrid, en Espagne, a envoyé des renforts policiers en Catalogne pour tenter d'empêcher la tenue du référendum d'autodétermination du 1er octobre. L'exécutif régional catalan, la Generalitat, a réaffirmé jeudi 21 septembre sa volonté d'organiser le référendum malgré l'opposition de Madrid. Maxime Forest, enseignant-chercheur à Sciences Po Paris, a estimé vendredi soir sur franceinfo que l'éventuelle victoire du "oui" serait un "précédent très problématique" pour l'Europe.

franceinfo : Qu'est ce qui se joue selon vous ?

Maxime Forest : Le retour d'une certaine forme de nationalisme et la question du lendemain d'un 1er octobre victorieux. Imaginons que le 'oui' l'emporte, indépendamment du taux de participation puisque ce référendum ne fixe pas de seuil de participation : est-ce qu'on serait face à un risque d'effet domino de revendications ? D'abord en Espagne, avec le Pays basque ; l'ETA a déposé les armes mais le nationalisme historique existe. Mais aussi dans d'autres pays. On a pas besoin d'aller très loin pour trouver des tentations séparatistes. Surtout, on aurait un précédent très problématique, qui serait un référendum d'autodétermination unilatéral au nom des peuples à disposer d'eux-mêmes, dans un Etat de droit, qu'on peut difficilement accuser d'être une dictature.

Vous dites donc qu'il faut faire attention à une forme de romantisme de l'image d'un peuple qui se libère ?

C'est extrêmement tentant en effet. On a une sympathie pour le peuple catalan. Il y a une historicité de ces revendications nationales, une résonance historique avec les années 1930, avec la lutte contre le franquisme aussi. C'est aussi une société très civique, citoyenne, mobilisée, mais qui s'est radicalisée ces dernières années, autour du thème du séparatisme. Il y a tout un contre-récit nationaliste qui s'est développé et qui pose réellement question.

Tout cela est alimenté par la rigidité du gouvernement de Mariano Rajoy ?

Oui il a joué un pourrissement, ou un attentisme élevé au rang d'art ; il a eu des conséquences néfastes et funestes. Cela dit il y a une vraie radicalité dans le projet séparatiste, qui s'éloigne assez des racines du nationalisme catalan et qui joue sur les ressorts qu'on a trouvé dans le Brexit ou l'ascension au pouvoir de Trump, qu'on retrouve dans différentes démocraties occidentales.

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