Catalogne : José Bové s'en prend à Mariano Rajoy qui "reste verrouillé sur ses positions" et à l'UE qui doit "se mouiller"
Invité de franceinfo, le député européen José Bové s'est dit choqué par le placement en détention provisoire, jeudi, de huit membres du gouvernement catalan destitué après le référendum d'autodétermination.
Le député européen José Bové a réclamé, vendredi 3 septembre, sur son compte Twitter, l'"arrêt des poursuites" et la "libération des prisonniers politiques" après le placement en détention provisoire la veille de huit membres du gouvernement catalan destitué. Il s'est expliqué ensuite sur franceinfo en pointant du doigt Mariano Rajoy, le président du gouvernement espagnol qui "reste verrouillé sur ses propositions" et l'Union européenne qui "doit se mouiller" pour "qu'il y ait un débat et une discussion".
franceinfo : Qu'est-ce qui vous choque dans la décision de la justice espagnole ?
José Bové : Ce qui me choque, c'est qu'aujourd'hui on incarcère des ministres, des responsables de mouvements sociaux. Dix [personnes] sont en prison pour avoir organisé un référendum faisant suite à un processus électoral qui a vu se renforcer le clan des Catalans au sein du Parlement régional. C'est incroyable, le gouvernement espagnol annonce des élections dans deux mois et ceux qui sont majoritaires au Parlement espagnol sont incarcérés. Est-ce que ces élections vont pouvoir avoir lieu avec des responsables politiques en prison ? Est-ce la meilleure façon pour ouvrir un dialogue ? Car si ceux qui sont partisans de l'indépendance gagnent les élections, avec qui le gouvernement espagnol va-t-il négocier ? On a d'un côté un gouvernement espagnol qui est droit dans ses bottes en disant 'on respecte la Constitution' et de l'autre côté un débat politique qui ne peut pas avoir lieu. Cela fait plus de dix ans que ça dure et M. Rajoy reste verrouillé sur ses positions.
Faudrait-il, selon-vous, arrêter les poursuites judiciaires ?
D'abord, il faut libérer toutes les personnes incarcérées : dix sont en prison actuellement dont huit membres de l'ancien gouvernement et deux responsables des mouvements sociaux. Ensuite, il faut ouvrir le dialogue. Carles Puigdemont a dit qu'il respecterait les résultats des urnes, donc nous sommes bien dans un débat politique. Et enfin, il faut suspendre ces poursuites qui sont archaïques et qui correspondent aux vieux fantasmes de Madrid de ne pas reconnaître qu'il y a une réalité fédérale ou des volontés d'indépendance ou d'autonomie dans le territoire espagnol. Il n'y a jamais eu de violences en Catalogne à part la Guardia Civil sur ceux qui ont voulu voter, il y a un mois. Et la violence de l'Etat espagnol n'a aucune légitimité démocratique.
L'Union européenne doit-elle se prononcer sur le sujet ?
Cela fait plus d'un mois qu'on le demande au Parlement européen. L'UE doit se mouiller, qu'il y ait un débat et une discussion. Quand je vois comment les choses se passent entre l'Ecosse et le gouvernement de Londres, le débat avance et tout le monde trouve cela très démocratique. Alors l'Union européenne devrait avoir une position par rapport à Rajoy en disant : "Organisez le débat". Je trouve incroyable que le gouvernement français et ceux des autres pays européens apportent un soutien inconditionnel à monsieur Rajoy.
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