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Espagne: socialistes et centristes ensemble, mais sans majorité

C’est un premier pas sur le chemin du palais de la Moncloa et de l’exercice du pouvoir, mais ce n’est pas encore suffisant. Les centristes de Ciudadanos ont passé un accord avec les socialistes, et soutiendront l’investiture d’un candidat du PSOE à la présidence du gouvernement. Mais la majorité absolue n’est pas trouvée.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Pedro Sanchez (g) et Albert Rivera signent la plateforme commune de gouvernement le 24 février 2016 à Madrid. (AFP)

Un moment historique, selon Albert Rivera. Le chef de file de Ciudadanos parle d’une seconde Transition pour l’Espagne, en référence à la démocratisation du pays conduite par Adolfo Suarez entre 1976 et 1981. Il est vrai que le pays traverse une révolution politique, en ayant mis fin au bipartisme, en vigueur depuis le retour de la démocratie dans le pays.
 
Mais en même temps l’Espagne politique découvre l’art difficile de la négociation, du compromis et du grand écart. Du reste, le journal espagnol El Pais n’y va pas par quatre chemins. Selon lui, Ciudadanos  a totalement changé sa stratégie postélectorale. Son leader, Albert Rivera, n’ayant cessé de clamer que jamais le parti ne participerait à un gouvernement sans en être le chef de file.
 
Or les deux partis ont élaboré un véritable projet de gouvernement annoncé comme un programme de «régénération démocratique». Albert Rivera a du reste appelé les autres formatioins à soutenir ce projet. «Tout cela nous ne pouvons le faire seul» a-t-il déclaré à l’issue de la signature de l’accord.«Nous avons besoins d’autres partis».
 
Ce programme, passant par une réforme constitutionnelle, suppose d'importantes réformes d'ordre territorial et judiciaire, notamment la fin des immunités parlementaires, et la limitation à deux mandats de la présidence du gouvernement.

 
Un grand vainqueur, Podemos
Mais malgré cet accord, il manque encore une quarantaine de voix au PSOE et à ses alliés pour obtenir la majorité absolue à l’Assemblée. Plus que jamais Podemos, la gauche radicale espagnole, fait figure de «faiseur de roi». Avec ses 65 élus, le parti conduit par Pablo Iglesias fera pencher la balance. Fera une majorité et…la défera !
 
Déjà, Iglesias a dénoncé un accord qui «ne vaut pas pour un gouvernement ou une investiture». De façon très ambigüe, Podemos continue de négocier avec les socialistes, alors qu’il a déclaré ne pas vouloir travailler avec les centristes, jugés trop libéraux.
 
Pedro Sanchez, le leader socialiste, s’il veut devenir Premier ministre, a jusqu’au 1er mars pour trouver une solution pour être investi. Il lui faut, a minima, décrocher l’abstention de certains, à commencer par Podemos.
 
Rajoy: qui gagne perd
Et pourquoi pas l’abstention aussi du PP? Le Parti populaire (conservateurs) de Mariano Rajoy, arrivé pourtant premier aux élections, est le grand perdant au final. Malgré les 28,7% des voix, il n’a pas pu rallier à lui une majorité de gouvernement. Pire même, il a vu la classe politique faire bloc contre lui, lui refusant tout soutien, même sans participation au gouvernement.
 
La fin du bipartisme risque de se transformer en crise politique majeure en Espagne. Une majorité introuvable qui, fatalement, conduira à nouveaux les électeurs aux urnes.
 

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