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Espagne: la sieste ou la croissance?
C’est un véritable serpent de mer en Espagne. Le rythme de vie et donc du travail (ou inversement !) est régulièrement remis en cause, mais il a la vie dure. Cette fois, c’est la ministre du Travail du gouvernement conservateur, Fátima Báñez García, qui relance le débat. Elle a promis de présenter bientôt un projet de «pacte national», qui concilie vie privée et vie professionnelle.
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Le voyageur qui se rend en Espagne, notamment en été, est particulièrement surpris par le déroulé de la journée. Des villes et des villages désertés dans la torpeur de l’après-midi, des soirées interminables où l’on ne passe pas à table avant 22 heures.
Un dépaysement qui s’accorde de plus en plus mal à une économie mondialisée et au marché unique européen. En 2014 déjà, Slate s’interrogeait sur le poids de la sieste dans l’économie, et plus globalement sur un découpage de la journée entre repos et travail qui pénalise les salariés.
La sieste, on peut le comprendre, peut s’avérer indispensable quand, l’été, le thermomètre dépasse les 40 degrés en Andalousie. Elle est nettement moins indispensable l’hiver, surtout au pied des Pyrénées. Seul un Espagnol sur deux est rentré chez lui à 20h, sachant qu'il a repris le travail vers 16h. Le dîner se prend régulièrement autour de 22h, il est rare de se coucher avant minuit.
Toute la vie s’organise ainsi autour de ce rythme. Les commerces ferment leurs portes bien plus tard qu’en Europe, les loisirs (télé, cinéma, concerts) sont également plus tardifs.
L’Espagne devient ainsi le mauvais élève de l’Union européenne. En repos quand les autres travaillent, au travail quand l’Europe se repose! La productivité du salarié espagnol s’en ressentirait aussi. «Nous trouverons un consensus pour que la journée de travail se termine à 18 heures tous les jours», déclarait le Premier ministre Mariano Rajoy en avril 2016.
A cela s’ajoute un décalage horaire hérité de la Seconde guerre mondiale. Le général Franco avait adopté l’heure du Reich, tout comme le Portugal et la France occupée. Depuis, l’Espagne se trouve décalée d’une heure par rapport à l’heure solaire, ce qui allonge artificiellement les soirées estivales.
En 2013, une commission parlementaire s’était déjà penchée sur l’épineux dossier du rythme de vie (lien en espagnol). Les recommandations sont restées lettre morte. Fátima Báñez aura-t-elle plus de chance cette fois?
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