Espagne: aucune embellie sur le front du chômage
Fin mars, la quatrième économie de la zone euro comptait 5.933.300 chômeurs, selon l’Institution Nacional de Estadistica (INE), l’Insee espagnol. Soit 2300 de moins que trois mois plus tôt.
Tous les membres actifs de près de deux millions (1,979) de foyers espagnols sont à la recherche d’un emploi. La situation reste dramatique pour les moins de 25 ans, les plus atteints par le chômage avec un taux de 55,5%. Même si certains économistes discutent la notion de «chômage des jeunes».
Aucune des 17 régions d'Espagne n'affiche un taux de sans-emplois inférieur à 17%. Parmi elles, l'Andalousie (34,94%), les îles Canaries (32,55%) et l'Extrémadure (ouest, le long de la frontière portugaise), avec 32,14%, sont les plus touchées.
Pour autant, c’est la première fois depuis 2005 que le premier trimestre, traditionnellement mauvais en la matière, enregistre une baisse du nombre de chômeurs, souligne l’INE. Pour certains observateurs, le fait qu’il y ait 2300 demandeurs d’emploi en moins par rapport à décembre 2013 pourrait «être le signe d’un début de changement de tendance, alors que le pays semble sur la voie de la reprise économique», note l’AFP. Les exportations sont ainsi en très nette voie d’amélioration : la balance du commerce extérieur est passée d’un déficit de 110 milliards d’euros en 2008 à un excédent d’environ 5 milliards d’euros en 2013. «Le pays se trouve clairement sur une trajectoire positive», analyse le quotidien économique Les Echos.
Baisse de la population active
Mais comme souvent, l’interprétation des chiffres du chômage varie selon les observateurs. La très légère baisse «est due uniquement et exclusivement à une nouvelle baisse de la population active», estime El Pais. Celle-ci a «diminué de 184.500 personnes», précise l’INE. Un phénomène lié à la destruction de postes de travail, au départ de nombreux résidents étrangers, et peut-être aussi à l’émigration des citoyens espagnols.
Les jeunes Espagnols émigrent en masse en Grande-Bretagne
Quoi qu’il en soit, la situation de l’emploi continue à être l’une des premières préoccupations de l’opinion. Le 22 mars 2014, une gigantesque manifestation a ainsi réuni à Madrid des dizaines de milliers de personnes, venues de toutes les régions d'Espagne pour dénoncer «l'urgence sociale», le chômage et l'austérité.
Les mesures de rigueur sans précédent appliquées par le gouvernement conservateur depuis son arrivée au pouvoir fin 2011 ont été à l’origine de deux grèves générales en 2012, avec des centaines de milliers de personnes dans la rue. L’équipe de Mariano Rajoy a instauré 150 milliards d’euros d’économies.
«Les mesures que nous prenons font mal à tout le monde, cela fait mal que les revenus diminuent et que les impôts augmentent, mais nous devons le faire», soulignait Mariano Rajoy le 11 juillet 2012, lors de l’annonce d’un nouveau plan d’austérité exigé par Bruxelles. «Il n'y a pas d'espace pour le fantasme ou des improvisations parce qu'il n'y a pas le choix». «C’est la réalité. il n’y en a pas d’autre et nous devons sortir de ce trou, et nous devons le faire aussi vite que possible», déclarait par ailleurs le président du gouvernement espagnol. Un trou dont son pays n’est toujours pas sorti, au moins en ce qui concerne l’emploi, près de deux ans après ces déclarations.
Le chômage, toujours et encore
AFP, 29-4-2014
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