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Web reportage | Nucléaire, l'ambiguïté française
Le sort de la centrale de Fessenheim est devenu un sujet de la campagne présidentielle. Près d'un an après l'accident nucléaire de Fukushima, comment les riverains des réacteurs français imaginent-ils leur avenir ? Reportages à Fessenheim (Haut-Rhin) et dans la Manche, entre l'usine de retraitement de la Hague et la centrale de Flamanville.
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"*On ne la fermera pas, cette centrale, il n'en est pas question* ". En
déplacement jeudi dernier à Fessenheim, Nicolas Sarkozy a pris une
position tranchée dans un débat inédit en France. Avant la catastrophe
de Fukushima, le nucléaire avait des opposants de principe, et le soutien
du reste des responsables politiques. L'accident japonais, survenu dans un pays développé et sur des réacteurs de même technologie que ceux d'EDF, a introduit la nuance dans ce paysage.
Il s'agit de savoir où placer le curseur entre sécurité et activité. Nicolas Sarkozy a pointé cette ligne de démarcation à Fessenheim, quand il a accusé François Hollande de vouloir "*sacrifier l'emploi* ". Le candidat socialiste s'est engagé à fermer la centrale alsacienne, construite dans une zone exposée à des séismes d'une force voisine de six sur l'échelle de Richter.
L'emploi, à tout prix ?
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La centrale de Fessenheim représente 900 emplois directs, en comptant les sous-traitants permanents qui travaillent sur place. Sa construction, dans les années 1970, a transformé le village alsacien : sa population a doublé en une décennie. Elle reste l'un des principaux employeurs de la vallée du Rhin entre Colmar et Mulhouse. Les peurs qu'elle suscite dépassent, elles aussi, les étroites limites de la commune.
Si
ce n'est pas en 2012, les réacteurs pourraient être arrêtés en 2013, au cas où EDF ne réalise pas les [lourds travaux exigés par l'ASN](http://www.asn.fr/index.php/S-informer/Actualites/2011/Reacteur-n-1-de-la-centrale-nucleaire-de-Fessenheim) (Autorité de sûreté nucléaire). Autour de
Fessenheim, les habitants n'ont pas attendu le début de la campagne pour
se poser la question : que se passera-t-il le jour où la centrale
fermera ? Les commerçants craignent une chute brutale de leur chiffre
d'affaires. Gérante de l'agence Relais-immo à Neuf-Brisach, Martine Haas-Nunge
se montre plus optimiste : "*Le démantèlement amènera des ouvriers. Le travail sera différent, mais il faudra des gens pour le faire, cela amortira le choc* ". Elle cite aussi une demi-douzaine d'autres industries installées le long du Rhin : chimie, textile... "*La centrale est un
pôle important, mais il y en a d'autres* ". Et leur avenir ne dépend pas de celui des réacteurs.
Le triangle d'or du nucléaire
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Personne ne pourrait en dire autant dans le Nord-Cotentin. Dans le triangle Cherbourg - la Hague - Flamanville, l'économie est majoritairement tournée vers le nucléaire. A lui seul, le site d'Areva salarie 3.100 personnes et fait travailler autant de sous-traitants. C'est le plus grand site de retraitement de combustible nucléaire au monde. Les acteurs de la filière en retirent parfois de la fierté.
L'emploi connaît pourtant des ratés, dans ce secteur aussi. Les syndicats d'Areva [craignent des suppressions de postes](http://www.franceinfo.fr/economie-areva/areva%C2%A0-gel-des-embauches-annonce-en-comite-de-groupe-selon-la-cgt-470749-2011-12-12) cette année. L'usine compte déjà 250 employés de moins qu'en 2005. De quoi
éveiller des envies de diversification.
A la Hague, les élus ont misé sur le tourisme. "*Un effort de longue haleine, qui commence à payer* ", sourit Yves-Marie Bonnissent, président de l'office de tourisme. Depuis les années 1980, cette péninsule à l'extrémité du Cotentin s'évertue à séparer son nom de l'usine qui l'a fait connaître du grand public. L'office de tourisme,
qui couvre aussi les environs de Flamanville, a compté plus de 320.000 nuitées l'année dernière, dans les hôtels et surtout les gîtes.
Ce n'est
pas un hasard : les collectivités ont incité financièrement les particuliers à ouvrir des hébergements saisonniers. Elles ont pu se le
permettre en grande partie grâce à la taxe professionnelle versée par Areva, plus de 20 millions d'euros chaque année. Cette manne a aussi
servi à construire un planétarium et une piscine, aménager un musée, organiser des concerts.
Autour de l'usine, le tourisme nature
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A ceux qui l'ignoreraient, la Hague ne cache pas tout à fait son activité nucléaire. Ses brochures et son site proposent une visite du site de l'Andra, voisin de l'usine de retraitement. Des déchets à faible
et moyenne radioactivité y reposent pour trois siècles, sous une colline artificielle. Mais les autres photos montrent une eau turquoise,
des falaises spectaculaires, des chemins de randonnée à travers des paysages vierges de toute construction. De fait, la côte est restée
sauvage, et le [Conservatoire du littoral](http://www.conservatoire-du-littoral.fr/front/process/Content6357.html) est désormais propriétaire de la moitié du littoral haguais.
"*Nucléaire ou pas nucléaire, les gens viennent ici pour se promener* ", résume André Berrehouc, un ancien de "*la Cogema* " qui tient un gîte à Vauville. Il se souvient d'une cliente, une seule, arrivée "*sur la pointe des pieds* " à cause des installations nucléaires. Cela ne l'a pas empêchée, raconte-il, de venir dans la région deux années de suite.
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