Une "Arche de Noé verte" inaugurée dans l’Arctique
Cette "Arche de Noé verte" abritera les semences des principales cultures vivrières, mettant ainsi l’humanité à l’abri d’une extinction d’espèces essentielles à sa survie. Ce grand frigo peut accueillir jusqu’à 4,5 millions d’échantillons, soit deux fois plus que le nombre de variétés existant dans le monde, protégeant ainsi la diversité végétale contre les changements climatiques, les guerres, les catastrophes naturelles et l’incurie des hommes. La diversité génétique est en effet indispensable à la mise au point de cultures résistant aux maladies, plus nutritives, moins gourmandes en eau et en engrais et capables de s’adapter au réchauffement climatique.
Il s’agit d’une réserve de secours au cas où certaines des 1.400 autres banques de semences végétales du monde seraient touchées par des catastrophes. De telles banques ont en effet déjà disparu en Irak et en Afghanistan à cause de la guerre, une autre a été inondée aux Philippines en 2006 à cause d’un typhon.
Un coffre fort écolo au cœur d’une montagne
La structure, creusée profondément dans le sol perpétuellement gelé d’une montagne des îles Svalbard (également appelées Spitzberg) à 130 mètres au-dessus du niveau de la mer, est refroidie à -18 degrés, une température idéale pour converser les semences pendant un millier d’années. En cas de défaillance du système électrique, le permafrost autour du site permettrait de maintenir les précieuses graines au froid pendant 200 ans, même dans le pire des scénarios climatiques.
Spitzberg est inauguré aujourd’hui par la militante écologiste kényane et prix Nobel de la paix Wangari Maathai et par le Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg. En présence du président de la Commission européenne José Manuel Barroso, ils doivent déposer symboliquement quelques graines de riz dans l’une des trois chambres froides de cet entrepôt ultra-sécurisé : murs blindés, caméras de surveillance et gardes armés pour repousser les curieux, les malveillants et les 3.000 ours polaires de l’archipel.
Le complexe, situé à un millier de kilomètres du pôle Nord, a coûté plus de six millions d’euros, entièrement pris en charge par le gouvernement norvégien. Mais à ce prix là, il peut résister à un tremblement de terre et même à une attaque nucléaire directe. Le site a d’ailleurs essuyé la semaine dernière sans aucun problème un séisme de 6,2 degrés.
Le chantier, lancé par le Fonds mondial pour la diversité des cultures (GCDT), aura duré moins de 18 mois. Isolé mais accessible, froid toute l’année et politiquement stable, cet archipel abritant 2.300 âmes sur deux fois la surface de la Belgique était considéré comme l’endroit idéal. Paradoxalement, les conditions climatiques empêchent toute culture d’y pousser.
Gilles Halais
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